Le Père Leopoldo Molena, originaire d’Italie, est membre de la Société des Missions Africaines (SMA), en mission à Abidjan, Côte d’Ivoire. Il fait part de ses impressions sur l’évangélisation en période de crise. En Côte d’Ivoire, la crise sanitaire s’est doublée d’une crise politique : le fonctionnement au ralenti de l’économie et les élections présidentielles du mois d’octobre ont mis fin à la relative stabilité qui avait cours depuis 10 ans. Ce faisant, la violence est redevenue quotidienne.
Le Père Molena constate chez ses fidèles « une grande douleur de demeurer sans messe, chacun devant prier, isolé chez soi ». Les catholiques ivoiriens vivent une épreuve à la fois en tant que membres de la société (précarité économique, isolement), mais aussi en tant que chrétiens, du fait de la privation des sacrements. [Alternative] Les catholiques ivoiriens vivent une épreuve comme membres de la société mais aussi en tant que chrétiens. À la fragilité économique, à l’isolement et aux drames sociaux s’ajoute la privation des sacrements et des rassemblements catholiques. Le Père Molena évoque le courage des fidèles mais aussi leurs difficultés à demeurer fermes dans la foi :
Certes, la foi est demeurée dans le cœur de la majeure partie des baptisés mais certains ont déclaré avoir perdu confiance en Dieu.
L’annonce du Christ en des temps troublés exige à la fois fermeté et inventivité.
Inventivité dans la mise en œuvre de nouveaux outils : le Père Molina veille à garder le contact avec les fidèles, notamment par l’envoi de messages et d’homélies par téléphone. Les contraintes liées à la lutte contre la pandémie exigent de « penser à de nouveaux chemins d’évangélisation » dit le Père Molena.
Fermeté dans la promotion de la paix : L’Évangile nous commande de garder la Paix, et ce par-delà même mes circonstances : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » (Jean. 14,27).
En tant que baptisés et destinataires de la Paix du Christ, nous sommes invités à être à notre tour des artisans de paix. Le Père Molina insiste : « tous les ivoiriens sont appelés à sauvegarder le processus de paix et à retrouver une coexistence pacifique et sereine ».
Fermeté dans la promotion de la justice : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ils seront rassasiés » (Mat. 5,6). Non-seulement la justice exigée par la loi civile, mais celle que notre foi commande : « Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. » (Rom 10, 6-10).
Afin que “règnent la justice et la paix”, selon les mots du Père Molena, les SMA proposent notamment de former les responsables de communautés à la prévention des conflits, pour « lancer un processus de transformation sociale non-violent, afin que règnent la justice et la paix en vue d’un développement humain intégral ».