27 Mar 2022

Se souvenir de ses fautes est essentiel pour notre vie fraternelle

Chers frères et sœurs,

Nous venons d’entendre la parabole du fils prodigue. Elle exprime l’amour de Dieu pour nous. Il part à notre recherche et nous attend sans désespérer. Jésus nous l’a donnée pour répondre à la remarque des pharisiens : « cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! ». Pour ces hommes religieux qui recherchaient une certaine perfection, la fréquentation des pécheurs était un scandale. L’anthropologie chrétienne nous conduit sur un autre chemin

 

Reconnaître la fraternité

Jésus invite les Juifs pieux à ne pas rester séparés des pécheurs qui se convertissent, mais à leur faire bon accueil, à se réjouir et à festoyer. Si le péché est d’abord une atteinte à l’amour de Dieu, pourquoi les pharisiens seraient-ils plus exigeants que celui qui a subi l’offense ? L’attitude du fils aîné, représentant les pharisiens, nous permet de comprendre leur motivation.

Tout d’abord l’aîné quand il rencontre son père n’appelle pas le fils prodigue “mon frère” mais “ton fils”. Il semble nier la fraternité qui les lie, il n’a rien à voir avec celui-là qui dilapide les biens de la famille. Ce qui le distingue du fils prodigue, c’est qu’il y a tant d’années qu’il est, lui, au service de son père sans jamais avoir désobéi. Comment son père peut-il mieux traiter le benjamin qui dilapide les biens, que l’aîné qui travaille fidèlement ? Alors le père tente de lui expliquer : « tout d’abord celui qui est revenu n’est pas un étranger, c’est ton frère, malgré tout, et quoi que tu en penses. Et ensuite, ma bonté envers ton frère ne t’enlève rien, car notre communion est parfaite, tout ce qui est à moi est à toi. Je suis ton père et non ton maître, comme je suis le père de ton frère et non son juge ».

 

Reconnaître la paternité de Dieu

Pour se réjouir du retour du fils prodigue, le fils aîné doit d’abord le reconnaître comme son frère, et retrouver avec son père une relation filiale. Mais comment peut-il renouveler ses relations s’il reste au niveau du jugement moral sur leurs différentes attitudes ? Il s’agit de reconnaître notre commune solidarité dans le péché, et notre dépendance vitale vis-à-vis de notre père qui nous a réconciliés avec lui par le Christ, comme l’écrit saint Paul dans la lettre aux Corinthiens.

Le fils aîné met en avant son obéissance, et quand il voit son frère, ce qui lui vient à l’esprit ce n’est pas ce qui leur est commun, mais ce qui les oppose : l’un est parti vivre sa vie, l’autre est demeuré avec son père pour le service. Le besoin du pardon, de la miséricorde du père est plus manifeste pour le benjamin que pour l’aîné qui oublie que lui aussi vit de la miséricorde divine. Nous sommes frères car nous sommes fils d’un même Père, celui qui nous donne la vraie vie en Jésus le Christ.

 

Le chemin de la réconciliation passe par l’humilité du pécheur

Le fils aîné face à son frère n’a pas dit “moi, le premier, je suis pécheur”, mais “moi, je suis obéissant”. Et face à son père, il n’a pas dit “je suis plein de reconnaissance pour celui qui m’a fait confiance en me chargeant du ministère, du service”, mais “tu ne m’as jamais donné de chevreau pour festoyer”. Pour se réjouir entre frères, il nous faut chacun pour sa part se reconnaître pécheur, et découvrir notre service non comme un fardeau, mais comme une grâce. Il en est ainsi de la mission qui nous est confiée

Se souvenir de ses fautes, non d’abord pour se mortifier, mais pour rendre grâce à celui qui toujours nous accueille, est essentiel pour notre vie fraternelle. L’action de grâce qui monte de nos cœurs en même temps que la reconnaissance de notre misère est le signe d’une confession de nos péchés dans l’Esprit Saint. Nous ne sommes pas d’une nature différente de tous nos frères, et chacun devrait pouvoir dire : «moi, le premier, je suis pécheur», j’ai besoin du pardon pour vivre.

Au regard de l’amour miséricordieux, nous sommes tous égaux à la table des pécheurs. Le pardon et la grâce que reçoivent mes frères en humanité me rappellent le pardon et la miséricorde desquels je vis. Ensemble nous sommes tournés vers le père des miséricordes pour recevoir notre mesure de pardon. Nous nous nourrissons ensemble à la même table du pain qui ne manquera jamais.

Demandons au Seigneur de continuer à nous éclairer sur nous-même durant ce carême, réjouissons-nous de participer ensemble au festin de l’Eucharistie ! Ainsi soit-il.

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