1 Oct 2020

Se laisser envoyer

Si les jeunes époux sont partis ensemble en 2006, l’appel a d’abord été personnel. Avant de rencontrer Céline, Gaëtan avait entendu un couple témoigner à leur retour de coopération. Saisi, il s’était dit que s’il se mariait, il aimerait vivre une telle expérience avec sa femme. C’est à l’adolescence que Céline elle, avait rêvé de partir en mission avec sa meilleure amie. Mais les parents avaient répondu : « faites vos études d’abord ! » L’idée a progressivement mûri et c’est pendant leurs fiançailles que Gaëtan et Céline ont désiré partir ensemble pour servir. « C’était du coup comme une évidence » raconte Céline : « nous allions nous marier en terminant nos études, cela nous paraissait le moment idéal pour partir, avant d’avoir un travail, une maison et des enfants ». Ils se préparent alors avec Fidesco, une ONG catholique de volontariat international et la Délégation.

 

Le saut de la confiance

Fidesco a une exigence spirituelle particulière pour les volontaires : ils ne choisissent pas leur mission mais la reçoivent. « Nous étions disponibles, pour le reste, il fallait faire confiance à l’Esprit Saint ! » Les fiancés s’abandonnent à la volonté du Seigneur et un envoi dans une petite ville d’Afrique est proposé. Mais leur enthousiasme est soudainement mis à l’épreuve par un gros changement… En fait ce sera au Chili, dans l’immense ville de Santiago, pour travailler auprès de prisonniers… « Nous avons vraiment hésité » se rappellent encore Céline et Gaëtan. « Mais nous nous sommes souvenus de l’Esprit Saint : il doit savoir ce qu’il fait ! »Pour tous les volontaires la différence est importante entre simplement « se préparer à partir » et « se laisser envoyer »…

Heureusement l’organisme de coopération accompagne, prépare et aide à bien discerner. « C’était pour nous le bon moment, alors nous avons dit oui ! »Cette grande décision n’est pas si courante et l’entourage s’étonne : « Mais à quoi ça sert d’aller à l’autre bout du monde ? Vous pourriez très bien faire ça en France… » Au XXIe siècle, quel peut encore être le sens de la mission ad extra ? Les besoins sont en effet nombreux à notre porte et si on veut voyager pourquoi ne pas se contenter du tourisme ?

 

Mais à quoi ça sert d’aller à l’autre bout du monde ? » Parfois, être envoyé au loin sert aussi à revenir, le cœur changé, pour continuer à servir juste ici.

 

Rencontre avec des cœurs blessés et assoiffés

« Nous nous sommes mariés, puis juste avant notre départ nous avons eu une messe d’envoi très belle et nous avons atterri à Santiago. » Immédiatement Gaëtan et Céline font la découverte d’un nouveau monde : la prison. Cet univers est très contrasté, il leur faudra dépasser les premières appréhensions pour faire l’expérience de la fraternité. « Nous avons découvert des frères et sœurs, blessés par leur passé trop lourd, à l’avenir bien incertain, et pourtant capables de nous offrir un sourire, un merci, un accueil hyper chaleureux ! »

Le jeune couple s’investit dans les écoles abritées au sein des prisons. C’est l’occasion pour Gaëtan, ingénieur en automatisme, de mettre en place des ateliers d’informatique et d’électricité, malgré les « disparitions » fréquentes du matériel… Succès malgré tout pour les élèves et le professeur qui lui découvre et développe la patience ! Céline, sage-femme de formation, visite la crèche des prisons où sont les jeunes mamans. Elle participe aussi à l’animation pastorale et apporte l’Évangile pour échanger et prier avec de nombreux groupes. Son astuce : « Je suis attentive à l’homélie du dimanche pour pouvoir répéter les explications, avec l’aide de l’Esprit Saint » ! « Beaucoup de détenus profitaient du temps qu’ils avaient en prison pour préparer et recevoir les sacrements de l’initiation, c’était très beau, tous ces cœurs blessés s’ouvrant à Dieu et à sa miséricorde ! Et de voir certaines réponses, comme des remises en liberté tombées du ciel après un baptême ou en pleine prière… »

 

Vivre la mission autrement ici

Après deux ans, l’expérience à Santiago se termine. Céline et Gaëtan retournent en France, en famille, avec leur premier enfant qui est né là-bas. La mission semble s’arrêter et le retour est parfois difficile. « Il nous a fallu du temps pour se réadapter à une vie normale, à un travail normal et trouver du sens là-dedans… Habiter notre pays dans lequel nous étions devenus un peu étrangers. » Si leur cœur est un peu resté là-bas, c’est surtout qu’ils ont eux-mêmes changé ! Pour eux, cette expérience humaine et spirituelle de la mission n’a pas été une simple parenthèse dans leur vie, un extra dont on garde quelques souvenirs et anecdotes. Dès leur retour en France, le couple a besoin de continuer à vivre sa foi avec d’autres, en maison-née comme au Chili où ils priaient et partageaient ensemble.

 

Ils rejoignent la Communauté de l’Emmanuel où ils vivent désormais la mission autrement. Par le chant dans une chorale liturgique de la communauté notamment. Mais c’est encore en couple qu’ils ont un apostolat plus spécifique de formation aux méthodes naturelles de régulation des naissances. La famille qui s’agrandit paraît aussi être une mission, à plein-temps ! Céline continue cependant de transmettre la foi au catéchisme, au rythme des enfants. Après quelques années au foyer, c’est une grande joie pour elle de devenir aumônier d’hôpital, une proposition tombée du ciel. Pour Céline, c’est « reprendre le chemin de la mission, tout en étant salariée et avec un rythme compatible avec la vie de famille. »

 

De nouvelles responsabilités au service de la mission

En famille désormais, les Marion sont restés disponibles aux appels ! En 2018, suite à un témoignage, ils ont été appelés par Mgr Kalist, évêque de Clermont-Ferrand, au service diocésain de la Mission Universelle. Les voilà délégués diocésains à la Mission Universelle (DDMU). Ces mots paraissent souvent bien abstraits à leur entourage, mais ils sont convaincus que tous les baptisés sont appelés à prendre conscience de leur vocation missionnaire. « Notre pays, qui était une terre missionnaire essaimant dans le monde entier, est devenu une terre de mission. La réciprocité missionnaire peut permettre de donner un nouvel élan, à la fois à notre pays et à ceux qui sont plus lointains. » La communion, la solidarité spirituelle et matérielle avec l’Église du monde entier, entre tous ses membres est bien l’affaire de tous. Le rayonnement de l’Évangile nécessite le soutien, la prière et l’engagement de chacun selon sa vocation, sa mission, ses capacités.

 

En collaborant avec de nombreux acteurs pastoraux, dans les paroisses en particulier, le service de la Mission Universelle rappelle que l’Église est missionnaire par nature, que l’Église ce n’est pas seulement « mon clocher » mais le Corps du Christ vivant qui se déploie aujourd’hui encore jusqu’aux extrémités de la terre. Alors Ad extra ou Ad intra… là-bas ou ici… Gaëtan et Céline l’affirment : « la mission nous demande de nous donner mais on reçoit énormément ! On nous demande d’être témoins du Christ, mais nous sommes surtout témoins de l’action du Christ dans les cœurs. C’est un cadeau immense, source d’une grande joie. Et c’est ce qui donne le désir de donner encore ! »

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