30 Oct 2021

Ne pas séparer l'amour de Dieu de l'amour du frère

Il aura fallu des générations et des générations aux hommes pour entrer dans le mystère d’un Dieu un et pourtant trine, d’un Dieu Père autant que créateur. Il leur aura fallu des siècles, et ce n’est pas fini,  pour comprendre un petit peu la volonté de Dieu qui préfère l’amour aux sacrifices.

L’art de poser des questions

Pour comprendre la question du scribe,  nous devons nous rappeler que la Loi de Moïse, au fil du temps, était devenue pour beaucoup un véritable fardeau avec des centaines de prescriptions. Pourtant, elle avait été donnée aux hommes pour leur enseigner comment répondre à l’amour de Dieu. Elle avait été donnée pour aider les hommes à entrer dans un chemin d’amitié avec Dieu. Au temps de Jésus, il était devenu urgent de dégager l’essentiel de la Loi « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force….Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Jésus nous invite à ne pas séparer l’amour de Dieu de l’amour du frère.

Comment aimer ce que nous ne voyons pas, si nous sommes incapables d’aider l’homme, la femme, l’enfant sur notre route ? Cela est pour nous un défi car quoi de plus difficile que d’aimer l’autre comme un frère, l’autre avec ses défauts, ses limites, ses différences. C’est pour cela que nous parlons du commandement d’aimer. La grâce divine permet que ce commandement s’efface pour devenir un jaillissement spontané du cœur, mais parfois, reconnaissons-le, il nous faut bien entendre ce double commandement qui est la colonne vertébrale de notre foi.

 

Grandir dans la foi en n’oubliant jamais que le plus grand des commandements passe avant la réputation des institutions !

« Tu as raison », dit le scribe à Jésus sans mesurer la profondeur du sens de l’engagement de Jésus. Jésus nous aime de l’amour même dont le Père nous aime. Cet amour concerne tous les hommes sans exception. Cette exigence d’amour est l’ADN de notre foi. Nous en  perçons le mystère dans la contemplation du sacrifice eucharistique qui nous donne à voir l’immensité de l’amour de Dieu pour les hommes, et à comprendre ce que Dieu attend de nous, au-delà de la pratique extérieure d’un commandement.

C’est Jésus lui-même qui s’offre à chaque eucharistie lui qui est tout entier tourné vers le Père par amour des hommes. Jésus « le grand prêtre …saint, innocent, immaculé » nous ouvre la voie pour que nous soyons rendus capables à notre tour de donner notre vie par amour, amour de notre conjoint, amour de nos enfants, amour de ce SDF qui, beaucoup plus que de pièces de monnaie, a besoin de reconnaissance et de fraternité, amour du malade, de la personne âgé, amour de tous nos frères en humanité.

Le pape François nous le rappelle dans Fratelli Tutti : notre temps, peut être plus qu’un autre,  a besoin de ce qu’il appelle l’amitié sociale, cet amour inconditionnel qui est le reflet ici-bas de l’amour de Dieu pour les hommes. Bien sûr c’est un chemin long, difficile, exigeant, car l’amour vrai ne fait pas n’importe quoi et nous risquons toujours de faire le mal alors que nous voudrions faire le bien. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous mettre en route en nous posant la question du bonheur de l’autre, de sa santé, de son confort, de sa dignité, car l’autre est toujours le frère à écouter, à aimer, à servir pour la plus grande gloire de Dieu.

L’actualité douloureuse nous rappelle que lorsque nous oublions que le baptême a fait de chacun de nous un prophète, un roi, un prêtre, nous nous conduisons comme des moutons de Panurge, nous suivons la société, ses pratiques permissives, qui cherchent à sauver la face des institutions, des administrations, des associations, alors que nous sommes au service de nos frères et que pour cela, nous ne pouvons pas nous taire comme nous le rappelle Saint-Paul dans le livre des Actes des Apôtres ! L’Eglise n’est pas une institution, elle est le corps du Christ. Changeons nos pratiques, il faut en finir avec la loi du silence. Ce sont les cris des persécuteurs et le silence des complices qui ont conduit Jésus au Golgotha. C’est le service de la vérité qui nous sauvera. Rappelons-nous ce qu’écrivait Saint Jean-Paul II dans sa première encyclique Redemptor hominis : « L’homme est la route de l’Eglise ».

Monseigneur Georges Colomb, évêque de La Rochelle et Saintes, directeur des OPM de France

Dt 6, 2-6; Ps : 17, 2-3, 4, 47.51ab;  He 7, 23-28;  Mc 12, 28b-34

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