9 Fév 2021

Les subsides sont la manifestation d’une coopération matérielle avec les diocèses des territoires de mission

Rappelons que dans un courrier datant de décembre, le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, demandait aux évêques des territoires de mission d’envisager de se priver des subsides qui leur sont dédiés chaque année. En cause : la chute des dons collectés par les Œuvres pontificales missionnaires en raison de la pandémie. Lire :  Les diocèses des pays de mission s’attendet à une baisse de leurs ressources

Réaction du père Ambroise…

 

Quelle importance revêtent à vos yeux les subsides envoyés aux diocèses des territoires de mission et quelle est leur raison d’être ?

Le numéro 38 du décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Ad Gentes, informe suffisamment sur le devoir missionnaire des évêques, sur les fondements de la “coopération et de la communion, en vertu de laquelle, chacune des Églises porte la sollicitude de toutes les autres ; les Églises se font connaître réciproquement leurs besoins, elles se communiquent mutuellement leurs biens…”

Les subsides constituent une subvention versée au titre de soutien ou de secours, en l’occurrence une somme spéciale imputée sur les dons collectés et allouée, par les œuvres pontificales missionnaires, aux diocèses de territoire de mission. Ils revêtent donc, à mon avis, une importance capitale en ce qu’ils sont la matérialisation de la coopération matérielle et de la solidarité manifestées aux diocèses des territoires de mission. Je les perçois aussi comme un appui à l’action missionnaire.

 

Quel impact aurait, selon vous, une réduction voire une suppression des subsides sur les diocèses des territoires de mission ?

La lettre du cardinal Tagle comporte une demande voire une invitation pressante à vérifier la possibilité “d’une réduction ou d’une renonciation au subside ordinaire fourni en communiquant au secrétaire général de l’œuvre  » les décisions y relatives en réaction à cette lettre. L’objectif étant de tenir compte des besoins réels des Églises locales pour soutenir celles qui en ont le plus besoin au regard de la diminution drastique des fonds collectés des suites de la crise sanitaire mondiale.

Je pense qu’il ne s’agit pas pour le moment d’une suppression mais d’un appel à réagir sur la possibilité d’y renoncer ou d’une réduction des subsides en fonction des besoins réels de chaque Église locale. Certains ont pu laisser entendre que cela sonnait “la fin d’un syndrome de mendicité.

 

La Croix Africa : Une analyse que vous ne partagez pas ?

A cet argument, on opposera le devoir de charité et de solidarité pour les Églises de se soutenir en se communiquant mutuellement leurs biens.
Je pense que les subsides ne doivent pas être perçus sous le prisme de la mendicité ou d’une sorte de maintenance des diocèses bénéficiaires sous perfusion mais, comme, à s’en tenir au cardinal Tagle dans sa lettre, la manifestation “d’une coopération matérielle” avec les diocèses des territoires de mission.

Je dirais plutôt que sonne peut-être l’heure d’une rupture avec une manière traditionnelle de faire, en tenant compte des besoins réels des différentes Églises. Il serait bien que tous les fidèles du Christ – et non pas seulement les prêtres – se réapproprient ce débat sur comment trouver les moyens propres pour la mission et comment arriver à une autonomie financière et décisionnelle, sur comment arriver à un développement humain et intégral pour que tous aient accès à des conditions de vie dignes, aux soins, à une éducation de qualité et que ses droits et libertés soient respectés au sein de l’Église et de leurs pays.

Je pense que l’on peut aussi renforcer les formes de solidarité et de coopération qui existent entre les Églises sœurs au sein des conférences épiscopales. Il ne s’agit pas seulement de l’aspect matériel financier, mais de l’ensemble des besoins de notre vie de baptisé, disciple du Christ, pour en arriver à de véritables conversions et à des solidarités au niveau local et régional, entre paroisses, entre chrétiens et entre prêtres, mais aussi à une véritable transparence dans la gestion des projets, des biens temporels de l’Église et dans la reddition des comptes.

Il sied par ailleurs, de noter que les diocèses bénéficiaires des subsides sont aussi pourvoyeurs de prêtres, de religieux et religieuses dans beaucoup de pays où il en manque. En cela ces diocèses ne font pas que recevoir des autres Églises, ils donnent aussi de leur richesse humaine.

Interview de Lucie Sarr pour La Croix Africa

 

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