29 Oct 2022

Qui faut-il écouter et que faut-il entendre ?

Homélie de Mgr Colomb

 

Commentaire de Pierre Diarra

Ceux qui récriminent et qui semblent surveiller les faits et gestes des autres ? Ceux et celles qui tentent de se convertir, comme Zachée, quelles que soient leurs situations ? Jésus s’adresse-t-il à tous quand il invite à la conversion ? Que disent ceux qui récriminent, nombreux selon l’évangéliste ?

Il s’agit de « tous » ou en tout cas du plus grand nombre : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » Que faut-il entendre et sous-entendre ? Les « personnes qui se conduisent bien » ou « les gens bien » ne vont pas chez n’importe qui.

Si une personne semble avoir une bonne conduite, elle ne devrait pas fréquenter les gens aux comportements douteux. Il ne faut pas, pense-t-on, qu’elle se laisse influencer à mal agir. Mais faut-il procéder à des mises à part, les bons d’un côté et les mauvais de l’autre ? Comment vivre la mission chrétienne si les personnes qui portent l’Évangile s’éloignent des personnes qui ont besoin du pardon du Seigneur ?

D’ailleurs, les personnes qui sont bien vues par leur entourage, qui font l’effort de bien agir, d’aimer Dieu et leurs prochains, peuvent faire des fautes, manquer d’amour et par conséquent avoir besoin du pardon du Seigneur.

Écoutons ce que Zachée dit au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Zachée dont le nom signifie « le juste » est un bel exemple de repentir libérateur et joyeux. En confessant ses fautes, et en témoignant d’un désir ferme de réparation, il confesse l’amour de Dieu. Il veut reconnaître devant le Seigneur et devant les personnes qui sont avec lui qu’il est pécheur et qu’il a besoin de salut. Il semble affirmer que le pardon nous est donné par le Seigneur Jésus devant qui il reconnaît qu’il a fait du tort à des personnes. Il veut rendre quatre fois plus, comme s’il voulait partager les bénéfices de ses gains acquis injustement.

On pourrait dire : avec tout ce qu’il a volé, il peut faire cela ; mais ce n’est pas si simple ; il faut être courageux pour être juste et même aller au-delà. Ce faisant, Zachée veut manifester non seulement qu’il faut opter pour la justice, mais essayer d’aller plus loin, c’est-à-dire emprunter les chemins d’un amour qui n’a pas de limite. Nous sommes orientés vers l’amour de Dieu qui est le plus fort et qui nous pousse à aller toujours plus loin dans les actes d’amour que nous posons.

Confesser l’amour de Dieu, c’est proclamer tout haut, avec une certaine exultation, que Dieu m’a rejoint, pauvre pécheur que je suis. Le nom de mon Dieu, n’est-il pas Jésus qui signifie : Dieu sauve. Ce Dieu n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Confesser l’amour d’un Dieu qui est à l’œuvre dans ma vie, c’est confesser l’avenir que Dieu m’ouvre, avec mes frères et sœurs. Il s’agit d’un Dieu dont la miséricorde m’atteint, moi mais aussi tous les êtres humains, tous ceux qui reconnaissent leurs fautes et demandent sincèrement pardon. Je confesse que je suis pécheur, mais je confesse surtout que Dieu est Amour, Miséricorde ; je reconnais que le pardon m’a rejoint et que Dieu se soucie de mon salut, de mon avenir. Je ne dis pas seulement « j’ai fait ceci, j’ai fait cela et c’est mauvais… », notamment quand je me retrouve devant le prêtre pour le sacrement de la réconciliation ; je dis aussi : Dieu m’aime, il m’appelle à vivre ceci, cela et voilà où j’en suis et comment je veux aller de l’avant.

Je suis conscient de l’amour de Dieu, conscient d’un Dieu qui pardonne. Je rencontre un Dieu qui m’aime ; je ne suis pas encore arrivé dans ma marche vers la sainteté, vers ce Dieu trois fois saint. Mais je peux avancer ; je n’ai pas dit mon dernier mot et Dieu non plus.

Je sais que son amour et son pardon me rejoignent sur mon chemin d’homme ou de femme. Jésus est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Mt 28, 20), même s’il peut être rejeté ou accueilli, en agonie ou « recrucifié » (He 6, 6), sans jamais cesser d’être ressuscité et d’être-avec-nous de diverses manières (voir Michel Fédou, Jésus Christ au fil des siècles, Paris, Cerf, 2019, p. 491).

Reconnaître mon péché et demander pardon à Dieu, c’est poser des actes qui sont l’expression d’une prise de responsabilité par rapport à mon histoire articulée au salut en Jésus Christ. Demander pardon, ce n’est un règlement de comptes. Il s’agit de dire en toute confiance : Ah Seigneur, tu m’aimes ; pardonne-moi ce que j’ai fait et ouvre-moi un avenir qui me permettra de marcher avec toi, dans l’espérance, dans l’amour. L’aveu de mon péché est aussi un aveu de ma foi qui peut avoir l’allure d’un credo, d’un chant, d’une action de grâce… L’aveu de mon péché m’aide à bien me sentir aimé, pardonné, encouragé à poursuivre des efforts pour aimer mieux, croire mieux et espérer en toute confiance.

Parce que Dieu nous aime, chacun de nous de façon unique, chacun doit par conséquent se sentir à l’aise avec lui-même, ses limites, ses défauts et même ses fautes. Nous ne devons pas nous décourager dans la recherche des vraies soifs de vérité et d’amour. Le pardon nous enracine dans cette recherche et nous encourage à pardonner à notre tour : pardonne-nous nos offenses et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.

Écoutez ce que Jésus dit au sujet de Zachée : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » A la suite de l’apôtre Paul, prions afin que notre Dieu nous trouve dignes de l’appel qu’il a adressé à chacun de nous. Prions afin que par sa puissance, il donne à tous d’accomplir tout le bien que chacun désire, afin de rende active la foi.

Avec le psalmiste, prenons conscience de la bonté et de la miséricorde de notre Dieu. En effet, le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. Les yeux sur lui, nous sommes tous invités à espérer. Il nous donne la vie, le monde, l’intelligence, la nourriture en tout temps. Il rassasie avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait. Il est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité. Il répond au désir de ceux qui le craignent ; il écoute leur cri : il les sauve. Seigneur, que ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi.

Osons bénir le nom du Seigneur, toujours et à jamais ! Osons louer son nom toujours et à jamais. Lui seul mérite la louange, car sa grandeur et son amour n’ont pas de limite. Osons vanter ses œuvres, sa miséricorde et proclamer ses exploits.

Que cela nous remette sans cesse sur le droit chemin, le chemin de la sainteté, même si cela demande beaucoup d’efforts. Redisons le récit de ses merveilles, de ses pardons et que tout notre être sache lui rendre grâce.

Pierre Diarra, Union pontificale missionnaire

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