22 Mai 2022

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble !

Homélie de Mgr Colomb

Commentaire du père Nowak

Cette année, le sixième dimanche de Pâques coïncide avec un jour très spécial pour les Œuvres Pontificales Missionnaires et pour le monde missionnaire en général. C’est le jour de la béatification de Pauline Jaricot, fondatrice de l’œuvre pontificale pour la Propagation de la Foi, la première des quatre œuvres missionnaires, fondée il y a exactement 200 ans à Lyon, en France. En cette occasion unique, nous vous proposons une méditation spéciale par le P. Tadeusz Nowak, secrétaire général de la Propagation de la Foi, que nous remercions sincèrement.

            En ces jours remplis de joie la pascale, l’Église proclame la victoire de Dieu ; victoire sur péché et de la mort ; victoire sur l’éternel ennemi du genre humain ; victoire dans le mystère pascal accompli dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

            Peu de temps après la première proclamation de l’Évangile, l’Église a connu une croissance inexplicable parmi les enfants d’Israël, les premiers à entendre et à recevoir la Bonne Nouvelle. En effet, tous les disciples et tous les Apôtres étaient des membres fidèles de la communauté juive du 1er siècle dans tout le bassin méditerranéen et dans tout l’Empire romain. En effet, Jésus ressuscité d’entre les morts était proclamé Messie ; Celui annoncé par tous les prophètes et confirmé par les Saintes Écritures. C’est donc tout naturellement que les premiers disciples croyaient que pour être un fidèle disciple du Messie ressuscité (le Christ en grec), il fallait pratiquer avec ferveur sa foi transmise par Moïse et les prophètes.

            Il n’est donc pas surprenant que la première crise majeure à laquelle l’Église ait été confrontée n’ait pas été la persécution, mais sur ce qu’on allait faire de ceux qui n’étaient pas juifs, mais qui, après avoir entendu la proclamation de l’Évangile, ont accepté Jésus comme le vrai Messie et ont voulu être baptisé dans le mystère pascal. Une faction traditionnelle a insisté sur le fait que ces « craignant-Dieu » devaient d’abord être catéchisés dans la Loi de Dieu laissée par Moïse et, après avoir accepté tous les préceptes, y compris la circoncision, pourraient être légitimement baptisés dans la Foi.

            L’autre faction minoritaire a vu les grandes œuvres du Saint-Esprit présentes dans les cœurs, les esprits et les actions des païens qui professaient la foi en Christ. Cette faction était convaincue que tout ce qu’il fallait, c’était l’adhésion aux enseignements de Jésus, la foi en son mystère pascal et la pratique de l’amour du don de soi – modelé sur l’amour du Christ – chez ceux qui seraient baptisés.

            Il en résulta une crise majeure qui dut être résolue par un concile des Apôtres à Jérusalem. C’est ce qu’on entend en première lecture. En fin de compte, ceux qui n’étaient pas juifs, mais avaient foi en Dieu et en Christ, Ressuscité d’entre les morts, devaient seulement s’abstenir du culte des idoles, de la consommation de sang et des pratiques sexuelles païennes. Ils étaient obligés de suivre les enseignements du Christ et, surtout, la pratique d’un amour (charité) authentique et actif (charité) entre eux et dans leur communauté élargie. En d’autres termes, ils étaient appelés à aimer, non seulement leurs frères et sœurs dans la foi, mais même leurs ennemis, comme le prêchait Jésus, qui a pardonné à ses persécuteurs sur la Croix.

            Comme Jésus le dit à ses disciples lors de la dernière Cène racontée par saint Jean dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14,23). La Loi de Moïse était cruciale pour la préparation de la venue du Messie. Il est maintenant arrivé et a accompli la Loi et les Prophètes. Aussi, il nous a laissés avec Sa parole vivifiante et le don du Saint-Esprit, qui nous transforme en membres de Son corps même et expression de Son amour présent dans le monde dans la vie de ses disciples.

            C’est pourquoi saint Jean, sur l’île de Patmos, a vu la Nouvelle Jérusalem dans une vision – la nouvelle ville de Dieu. Dans cette ville, il n’y avait pas de temple, car le Seigneur ressuscité est le temple éternel de Dieu. « Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau. La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau » (Ap 21,22-23).

            C’était révolutionnaire. Cela a donné l’occasion de libérer la mission de l’Église d’une communauté religieuse ethnique localisée, à tous les peuples – ad gentes – même aux quatre coins de la terre. En effet, ce fut la dernière exhortation de Jésus avant de monter à la droite du Père : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19). Il n’est pas étonnant que le Pape François nous rappelle fréquemment que l’Église existe pour la mission – pour évangéliser !

            Aujourd’hui, l’Église béatifiera Pauline Marie Jaricot, dans sa ville natale de Lyon, France. Lyon est une ancienne ville chrétienne qui se réjouit d’innombrables martyrs dans les premiers jours, dont son deuxième évêque, saint Irénée, Père et Docteur de l’Église. C’est une ville qui a subi de nombreuses violences, notamment après la Réforme et pendant la Révolution française. Aujourd’hui, elle se présente comme un témoignage de l’amour providentiel de Dieu qui triomphe de la haine, de la jalousie et de l’ignorance par l’amour éternel du Christ manifesté dans l’Église, en particulier dans ses saints !

            Pauline Jaricot va être béatifiée, proclamée bienheureuse partageant la plénitude de la vie dans le Royaume de Dieu. Elle est maintenant officiellement proclamée digne d’être imitée et proche de Dieu auprès de qui elle peut intercéder pour nous par ses prières. Pauline est une sainte pour notre temps. Son histoire est une source d’inspiration profonde, en particulier pour nous avec la sensibilité du 21ème siècle.

Elle est née dans une famille aisée, mais très fidèle dans la pratique de la foi. Son père possédait une fabrique de soie à Lyon et la famille ne manquait ni de nourriture ni d’abri.

            Dans son enfance et sa première jeunesse, Pauline n’avait aucune inclination pour la pratique plus profonde de la foi. En fait, elle-même a rappelé à quel point elle était attirée par les dernières modes, les rassemblements sociaux et les intérêts très mondains. Mais lorsqu’elle a eu 16 ans, elle a subi un grave accident alors qu’elle effectuait des tâches ménagères. Elle s’est cassé la jambe, qui s’était infectée et ne guérissait pas très bien. Elle a été alors envoyée à la campagne pour se reposer et récupérer. Au même moment sa mère décéda ! Elle souffrait à la fois de détresse physique, émotionnelle et spirituelle. En fait, elle aurait pu sombrer dans le désespoir. Mais, un dimanche, elle est allée à la messe et a écouté un sermon sur les choses passagères et fugitives de ce monde et leur vanité.

            Un changement profond s’est produit dans son cœur et a complètement transformé sa vie. Elle reprit sa pratique des sacrements et développa bientôt un profond désir d’union avec le Christ dans la prière et le souci de Lui chez les pauvres de Lyon. Elle rangeait ses beaux draps et revêtait l’habit des pauvres Elle sortait à la rencontre des pauvres dans les rues ; les pauvres ravagés par la révolution industrielle ; les malades et les abandonnés. Elle sortait pour s’occuper d’eux. Bientôt, elle eut des nouvelles de son frère qui étudiait pour devenir prêtre missionnaire. Il l’a suppliée de faire quelque chose pour les missions, où l’Église faisait face à un grave manque de soutien, tant spirituel que matériel, dans la tâche d’annoncer l’Évangile à ceux qui ne l’avaient jamais entendu auparavant et d’établir l’Église dans le coins reculés du monde.

            Pauline proposa un plan simple – une véritable inspiration – pour former des cercles de dix pour la prière et donner 1 sou par semaine pour les missions. Ce plan simple s’est transformé en un réseau mondial de prière et de charité. L’œuvre de la Propagation de la Foi a été fondée par Pauline il y a 200 ans (1822). Il y a cent ans, elle a été proclamée « pontificale » par le pape Pie XI (1922), étendant sa portée à toute l’Église universelle.

Pauline fonda plus tard le Rosaire vivant et dépensa sa fortune pour établir une usine où il y aurait des salaires décents, un horaire de travail humain avec des jours libres chaque semaine pour que les ouvriers puissent s’occuper de leurs familles et du culte chrétien. Malheureusement, elle a été exploitée par un administrateur peu scrupuleux et a tout perdu. Finalement, elle dut s’inscrire sur la liste des pauvres de Lyon et mourut sans un sou et presque oubliée. Mais sa vie a été celle d’un dévouement total au Christ et à son Église. Elle a fait vœu privé de virginité à l’âge de 17 ans (le jour de Noël !) et a mené une vie de profonde prière (adoration du Saint-Sacrement, chapelet…). Elle a rassemblé des femmes partageant les mêmes idées et a même formé une sorte de communauté dans sa maison familiale pour un soutien mutuel dans la vie chrétienne. Sa sensibilité aux pauvres et aux exploités et à ceux qui n’avaient pas encore entendu l’Évangile en fait une personne aux sensibilités tout à fait contemporaines, même si elle a vécu il y a plus de 200 ans !

            Aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu d’avoir suscité un grand témoignage de l’amour désintéressé du Christ, Ressuscité des morts.

Que la bienheureuse Pauline Marie Jaricot intercède pour nous tous engagés au service de la mission de l’Église.

Puisse son exemple nous inspirer à aller plus loin et à penser davantage aux besoins des missions qu’aux besoins de notre environnement immédiat, de notre paroisse, de notre ville, de notre diocèse et de notre pays.

Puisse-t-elle être une lumière brillante pour guider vers Celui qu’elle aimait de tout son cœur, de tout son esprit et de toute son âme – Jésus-Christ, le seul et unique Sauveur du monde !

 

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