24 Déc 2021

Nativité du Seigneur : se dévouer à faire le bien

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut des hommes » de la manière la plus étonnante, la plus inattendue, dans le mystère d’une naissance.

Quel est cet enfant qui vient nous visiter ? Nombreux sont ceux qui, au fil du temps, se sont interrogés sur cette naissance ! Une certitude demeure pour le croyant : cet enfant est l’enfant de l’espérance, l’enfant de la promesse. Il est celui que des générations ont attendu, il est le sauveur qui surgit dans le cours de l’histoire des hommes pour en infléchir la courbe qui inexorablement débouchait sur la mort.

Le récit de la Nativité n’est pas un récit historique au sens moderne du terme. Ce n’est pas récit de journaliste, un reportage sur le vif ; il est bien plus que cela. Il s’agit d’un regard de foi porté sur l’histoire des hommes, sur notre histoire. Dieu s’est incarné un jour du temps, un jour de l’histoire que l’évangéliste Luc prend la peine de situer avec précision. Dieu s’est penché sur l’humanité pour la visiter au temps d’Auguste et de Quirinius, et depuis il ne cesse de se pencher sur elle pour la visiter puisqu’à chacune de nos célébrations eucharistiques, Jésus se donne, il vient à nous.

Cette nuit de Noël n’est pas seulement le rappel d’un événement historique, le sauveur du monde vient nous rejoindre aujourd’hui, ici, maintenant. Il vient pour chacun de nous, dans cette terre que nous appelons Terre Sainte, mais aussi sur toute la terre. L’Église fixe son regard sur le Jésus de l’histoire pour y découvrir le Jésus de la fin des temps, le Christ qui, un jour, récapitulera toute la création et toute l’histoire en lui. Chacun de nous a une place unique, une place particulière, une place que nul autre ne peut occuper dans cette histoire du salut.

Dans les crèches provençales, nous voyons chaque artisan, chaque berger, chaque homme, chaque femme, cheminant avec ce qu’il est, sa beauté et ses laideurs, sa richesse et ses pauvretés, sa sagesse et ses folies, pour venir déposer toute sa vie au pied du nouveau-né de Bethléem et chanter avec la terre entière « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Prenons cette place qui est la nôtre dans la longue histoire du Salut, adorons l’Enfant qui vient à nous car nous sommes le peuple saint qu’il a racheté. Annonçons cette nouvelle merveilleuse et vraie au pauvre, au malade, à celui qui seul cherche le sens de sa vie : un Fils nous est donné et ce Fils est notre sauveur !

 

Notre cœur est le royaume de Jésus

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi »

C’est bien à notre monde que s’adresse ce texte. Les ténèbres semblent tomber sur notre terre. L’année 2021 fut porteuse de son lot de misères, de scandales. Nous nous sommes aperçus en Église que nous avons manqué d’esprit de prophétie en faisant comme tout le monde, comme la société civile. Nous n’avons pas révélé en temps opportun les méfaits commis par certains prêtres ou laïcs.

Les décisions prises pour la réparation et pour la prévention sont bonnes et porteront du fruit. Au niveau international, l’augmentation de la population en Afrique, la menace de famine, les flux migratoires attendus pour les années qui viennent sont des défis à relever. La vie et la sécurité de dizaines de millions d’hommes sont menacées. Les dérèglements climatiques jettent sur les routes des milliers de nos contemporains chaque jour.  Nos propres vies ne furent pas épargnées par les deuils, les maladies, la pandémie, les angoisses face à l’avenir.

Et voici qu’en cette nuit se lève une lumière si puissante qu’elle sera capable de dissiper les ténèbres, d’apporter la paix et la stabilité, de faire advenir la joie. Et quelle est cette grande lumière ? C’est un tout petit enfant couché dans le froid d’une étable, réchauffé par la chaleur des animaux et la tendresse de ses parents. Né dans une étable parce qu’il n’y avait pas de place pour lui à l’hôtellerie. Certains veulent chasser les crèches de l’espace public. Chasser la crèche, c’est chasser l’amour !

Le psaume nous rappelle que toute la création perçoit le salut à l’œuvre en notre monde.  La terre et le ciel, tous les peuples et toutes les créatures, la mer et la forêt, exultent de joie, sont invités à chanter au Seigneur. Le Saint-Père dans l’encyclique Laudato Si nous invite à respecter, à protéger notre terre, à transmettre la beauté de la création aux générations futures. Un jour enfin l’humanité toute entière aura mis sa confiance dans le Seigneur, et la face du monde s’en trouvera transfigurée.

 

Noël conduit l’homme à faire le bien !

Dieu s’est fait homme  et « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes », nous dit Saint-Paul. Dès lors, notre manière d’être en ce monde s’est trouvée modifiée. Il y a bien un avant et un après l’Incarnation, car Dieu « s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien », comme l’écrit Paul à son compagnon Tite.

Faire le bien, voilà ce qui est le signe de l’homme transformé par la grâce de Dieu.  Ce bien dont nous sommes capables, c’est notre part de travail attendue de Dieu pour le salut du monde, c’est notre dévouement…

Dieu a besoin de notre conversion pour que l’humanité entière entre dans le chemin de la rédemption. N’ayons pas peur d’être des chrétiens qui vivent de la liberté de l’esprit de leur baptême. Ne nous laissons pas impressionner par l’appauvrissement du débat public qui fait peu de cas de la vie humaine, des droits de l’homme.

 

Nous, chrétiens, sommes invités à suivre un chemin de dignité, celui du Christ !

Notre Dieu est né dans une crèche, il est mort sur une croix pour ressusciter. Nous le savons ; des langes de la crèche au linge du tombeau vide, il nous trace un chemin d’humilité qui fait taire toute forme de peur ou d’orgueil.

Surmontons nos divisions, faisons taire nos haines, travaillons pour un monde plus juste et pacifié, unissons-nous autour de Jésus et rendons témoignage de notre foi dans l’accomplissement des promesses de Dieu « attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ ».

Recherchons dans nos vies de quelle manière nous pouvons faire le bien ! J’ai célébré la messe dans les deux établissements pénitentiaires de l’Ile de Ré samedi dernier et à Bédenac, je peux vous assurer que nos frères chrétiens qui visitent régulièrement les prisonniers savent ce que ce que signifie : faire le bien. Nous pourrions trouver de nombreuses illustrations de la façon de faire le bien en commençant par la vie de nos familles…

 

 

L’enfant de la crèche dans sa petitesse, c’est l’appel divin lancé à l’humanité.

Le prophète Isaïe avait annoncé  une immense lumière capable de déchirer toutes les nuits. La promesse s’accomplit en la personne d’un tout petit enfant couché dans une étable. Dieu est là, dans l’humilité et la vulnérabilité. Dieu ne veut pas faire peur aux hommes. Il connaît leur faiblesse et leur péché et il s’approche d’eux avec délicatesse. C’est de nous qu’il attend des signes d’amour, lui qui est l’Amour, c’est de nous qu’il attend des signes de fraternité, lui qui est l’Ami, c’est de nous qu’il attend des preuves de confiance, lui qui est l’Espérance.

 

Mais nous, comment accueillons-nous cette tendresse ?

Ouvrons-nous nos cœurs pour nous laisser trouver par Dieu ? Demeurons-nous enfermés dans la citadelle de nos certitudes, dans la prison de nos peurs, dans le confort de la médiocrité ambiante et de notre péché ?  Permettons-nous à Dieu de nous aimer, nous laissons-nous convertir, transformer, remodeler par cet amour ?

La nuit du monde est profonde et le cri qui la déchire est celui des pauvres, des désespérés, celui de nos frères chrétiens d’Orient qui comme Marie, Joseph et l’enfant Jésus prennent la route de l’exil. L’humanité a besoin de sens. Ne soyons pas les complices de la mondialisation de l’indifférence que dénonce le Saint-Père. Si nous nous laissons convertir jusqu’au plus intime de nos vies, nous deviendrons les missionnaires de l’Amour, les apôtres de Dieu qui ne cesse de venir visiter ce monde pour le sauver.

Contemplons l’Enfant de la crèche et demandons-lui cette grâce de la conversion. Dès cette nuit répondons à l’appel du pape François « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur »  (La joie de l’Evangile n°3).

Pour nous aider, Marie notre mère est là. Elle est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est transpercé par la lance, celle qui comprend toutes les peines. Comme mère de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice.

Joyeux Noël, chers frères et sœurs, demeurez dans le cœur de Jésus, contemplez sa tendresse et vous ferez le bien !

Is 9, 1-6; Ps : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc; Tt 2, 11-14; Lc 2, 1-14

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