14 Jan 2023

Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté

Homélie de Mgr Colomb à écouter

A la suite de Paul, nous sommes baptisés dans l’Esprit pour notre salut et pour annoncer l’amour de Dieu et la vérité !

 

Commentaire missionnaire

Par la divine Providence, la liturgie de l’Église de ce dimanche nous offre, à travers les lectures bibliques et surtout à travers l’Évangile, l’occasion d’approfondir le mystère du Baptême de Jésus célébré il y a une semaine. En gardant à l’esprit cet événement fondamental dans la vie et la mission de notre Seigneur et tout ce que nous avons médité, réfléchissons ensemble maintenant à quelques aspects du baptême que l’Évangile veut mettre en valeur avec le témoignage, à cet égard, de Jean-Baptiste.

 

1. Une clarification nécessaire sur la vision de Jean le Baptiste

Le Baptiste, après avoir baptisé Jésus au Jourdain, témoigne de ce qui s’est passé en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui ». Nous trouvons également cette description dans les récits d’autres évangiles. À cet égard, en y regardant de plus près, nous pouvons poser une question simple :

« Qu’a vu et contemplé Jean-Baptiste à ce moment-là ? »

La question semble anodine mais elle ne l’est pas, car certains, voire beaucoup, répondraient immédiatement : « Il a vu une colombe ». Et c’est la mauvaise réponse ! D’après ce que Jean le Baptiste a littéralement dit, il a vu « l’Esprit descendre du ciel comme une colombe » et non pas « une colombe » ! Que signifie le mot clé « comme » ? « Comme » signifie « comme » (!) et pas « exactement comme cela ». Oui, je voudrais réitérer : « Le Baptiste a vu/contemplé l’Esprit Saint et non la colombe ». À ce stade, quelqu’un pourrait dire : « Mon père, mais dans toutes les peintures et les images du baptême de Jésus, on voit toujours une colombe ! » Je réponds : « Oui, car il sera toujours plus facile de peindre une colombe que l’Esprit, n’est-ce pas ? » Mais il faut être très clair sur ce que le Baptiste a réellement vécu, comme le souligne l’Évangile.

Le sens précis du mot « comme » nous rappelle le caractère mystérieux de ce qui s’est passé. Il s’agit d’un mystère insaisissable (et donc toujours à scruter) de la manifestation de la Trinité et en particulier de l’Esprit Saint descendant sur Jésus baptisé au début de sa mission. De même, la descente de l’Esprit-Saint sur Marie et les disciples au Cénacle, au début de leur annonce au monde du Christ ressuscité et de son Évangile, restera également un mystère jamais saisi par la perception humaine, comme le montre l’utilisation du même mot « comme » : « Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint » (Ac 2,3-4). Ce n’était pas du feu, mais l’Esprit qui descendait mystérieusement et mystiquement « comme du feu ». (Après tout, s’il y avait eu du vrai feu sur la tête de Marie et des disciples, tous leurs cheveux auraient été brûlés). En outre, c’est précisément dans l’événement de la Pentecôte que l’on peut entrevoir l’accomplissement de ce que Jean Baptiste avait annoncé concernant la mission de Jésus : « celui-là baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1,33).

 

2. « …comme une colombe… »

À cet égard, une question se pose : comment se fait-il qu’au Jourdain, l’Esprit soit descendu sur Jésus « comme une colombe », alors qu’il est ensuite descendu sur les disciples « comme un feu » ? Quelqu’un pourrait répondre en plaisantant : « Père, je ne sais pas, demandez à l’Esprit ! Il voulait faire ça ! » Certes, seul l’Esprit sait exactement pourquoi, mais à la lumière des Écritures, nous pouvons entrevoir la raison de la manifestation de l’Esprit « comme une colombe ».

Tout d’abord, il faut rappeler qu’au début de la création, l’Esprit de Dieu « planait au-dessus des eaux » (Gen 1,2), et la tradition juive voit ici l’Esprit comme une colombe volant au-dessus des eaux du chaos primordial, œuvrant lors de la création de l’univers. Ainsi, l’image de l’Esprit sous forme de colombe sur les eaux du Jourdain semble indiquer, avec le baptême de Jésus, l’inauguration de la nouvelle création.

De plus, comme l’a mentionné St Grégoire de Nazianze, « L’Esprit descend sous une forme corporelle comme la colombe qui, il y a si longtemps, annonçait la fin du déluge, et qui de même rend honneur au corps qui est un avec Dieu » (cf. Gen 8,11). L’image de la colombe lors du baptême de Jésus semble donc faire allusion au début de la nouvelle ère de paix messianique entre Dieu et toute la création, comme après le déluge à l’époque de Noé.

Enfin, il est intéressant de noter que dans l’ancien testament, la colombe est parfois associée à un peuple insensé et infidèle à Dieu. En particulier, le prophète Osée dénonce l’attitude d’Israël/Ephraïm : « Voici Éphraïm, colombe naïve et sans cœur » (Os 7,11); Il cherche de l’aide non pas auprès de Dieu, mais auprès de puissances étrangères. Dans cette perspective, on peut également entrevoir dans la pose de la colombe sur Jésus une allusion à la mission du Christ, le Fils de Dieu : depuis le moment de son baptême, c’est-à-dire de son immersion, dans l’eau du Jourdain, il porte mystiquement sur ses épaules tout le peuple avec le poids de ses péchés, jusqu’à son baptême de sang sur la croix où Jésus, avec le sacrifice suprême de sa vie dans l’obéissance et la fidélité à Dieu, accomplit la purification de tous les péchés du monde, en particulier de ce péché singulier qu’est la désobéissance/infidélité à Dieu. C’est précisément dans cet esprit que Jean annonce solennellement au sujet de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) (où le nom singulier est mis en valeur).

 

3. « L’Agneau de Dieu », « celui-là baptise dans l’Esprit Saint »

A partir de ce qui a été élaboré aujourd’hui sur le témoignage de Jean-le-Baptiste, la double nature de la mission de Jésus devient claire. D’une part, il est « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », et d’autre part, « celui-là baptise dans l’Esprit Saint ». Ces deux aspects sont en fait intrinsèquement liés. La purification des péchés a lieu précisément avec et dans l’Esprit Saint qui purifie et sanctifie. C’est pourquoi, saint Jean l’évangéliste souligne que dès la première rencontre avec les disciples après la résurrection, Jésus leur a envoyé son Esprit pour la rémission des péchés : « il souffla sur eux et il leur dit : “ Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus”» (Jn 20,22-23).Comme expliqué dans la fête du baptême, baptiser signifie immerger. Par conséquent, le baptême dans l’Esprit Saint que Jésus propose sera l’immersion dans l’Esprit, qui trouve son accomplissement dès le jour de la résurrection du Christ pour les premiers disciples (et qui culmine ensuite avec l’événement de la descente de l’Esprit à la Pentecôte). Il est à noter que juste avant la transmission de l’Esprit aux disciples, le Christ ressuscité envoie les siens pour poursuivre sa mission (et c’est là son premier « ordre » aux disciples après la résurrection !) « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Les disciples sont invités à poursuivre la même chaîne de mission que celle que Jésus a accomplie sur l’ordre du Père. Plus précisément, comme Jésus et sur son mandat, eux aussi sont maintenant envoyés pour « baptiser » tout le monde dans l’Esprit Saint pour le pardon des péchés.

Le baptême ou l’immersion dans l’Esprit sera la mission pérenne de Jésus-Christ, Fils et Serviteur de Dieu, pour apporter le « salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».

Il continue à le faire aussi en notre temps, en cette nouvelle année, avec et dans chacun de ses disciples, déjà baptisés/immergés dans l’Esprit par la grâce divine et appelés maintenant à la vivre et à la transmettre aux autres dans tous les coins de la terre.

Que tous ceux d’entre nous qui ont été baptisés brûlent du saint désir de Jésus de donner l’Esprit Saint à tous, de les immerger dans le feu de l’Esprit Saint, en vertu du baptême suprême qu’il a accompli sur la croix !

Puissions-nous toujours porter dans nos cœurs ces paroles émouvantes de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12,49-50). Maintenant et toujours. Amen.

 

 

 

 

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