21 Avr 2021

Maroc : une vie de prière et de partage dans le sillon du bienheureux Charles de Foucauld

« Quand je suis entrée dans la maison des Petites sœurs de Jésus de Fès, je me suis dit : “ C’est ça ! J’ai trouvé ! ” ». 

J’ai commencé à penser à la vie religieuse lorsque j’avais 8-9 ans, en voyant un diaporama sur la Passion. Je pleurais beaucoup et je pensais : si Jésus a donné sa vie pour moi, moi aussi je veux donner ma vie pour lui… et pour les autres (pour qui lui aussi a aussi donné sa vie). 

À la fin du collège et au lycée, je faisais partie du Service des vocations de mon diocèse. Chaque fois que je rencontrais une religieuse, je lui posais mille questions sur sa vie. À l’âge de vingt ans, je me suis rendue au Maroc sur les pas d’Albert Peyriguère, un disciple de Charles de Foucauld. C’est quand je suis entrée dans la maison des Petites sœurs de Jésus de Fès, que je me suis dit : « C’est ça ! J’ai trouvé ! ». Cette vie simple de prière et de partage des conditions de vie des gens du quartier m’attirait. Partager travail et amitié avec l’autre, c’est une manière de lui dire « ta vie est belle, elle a du prix ! ».  

 

 « J’essaye seulement de laisser un “ bien meilleur que moi vivre en moi ” » 

Je vis au Maroc depuis 2003, date de mes premiers vœux, et j’habite à Fès de façon permanente depuis 2012. Je travaille actuellement comme ouvrière décoratrice dans une coopérative de fabrication de poteries. J’ai appris ce travail sur place, avec l’aide des anciens et des patrons. J’aime l’ambiance familiale de cette coopérative : les patrons qui travaillent avec nous ne retiennent pas leur savoir-faire pour eux-mêmes.  

Ce travail, qui est partage de vie, a quelque chose de méditatif et très gratifiant. Ce qui sort de la coopérative est très beau ! Cela me change de mes emplois précédents (finitions, traçages, emballages) à Casablanca puis à Fès, où le bruit des machines et un rythme effréné était source de stress : « vite ! toujours plus vite ! » Ces conditions ne permettaient pas de faire attention à l’autre, d’échanger… Au moins, je me rendais bien compte que je n’étais pas meilleure que les autres et que j’avais moi aussi besoin d’eux. J’essaye seulement de laisser un « bien meilleur que moi vivre en moi ».  

 

Dire que Dieu se fait tout petit, par amour pour nous, quand on entend à longueur de journée “ Allahou akbar ! ” (“ Dieu est le plus grand ”) » 

J’apprécie particulièrement le contact avec les musulmans. La ville de Fès est très imprégnée du soufisme et tout est marqué par la présence de Dieu. Tout au long de la journée, on reçoit beaucoup de bénédictions, à travers les salutations, pour demander quelque chose ou dire merci.  

Néanmoins, la communication interreligieuse n’est pas toujours chose facile, surtout quand l’un ou l’autre cherche à me convertir à l’Islam. Bien-sûr cela part d’un bon sentiment : on craint pour moi l’enfer et on veut pour moi le paradis ! Je trouve assez frustrant de ne pas pouvoir partager ce qui fait le cœur de ma vie. Ne maîtrisant pas assez la langue dans toutes ces nuances et son vocabulaire, il est difficile d’exprimer les choses de manière intelligible et recevable pour l’interlocuteur. Comment dire par exemple que Dieu se fait tout petit, par amour pour nous, quand on entend à longueur de journée « Allahou akbar ! » (« Dieu est le plus grand ») ! 

 

Reconnaître ensemble que Dieu est miséricordieux

Cependant, je me sens parfois sur la même longueur d’onde avec l’un ou l’autre. Ce peut être en parlant d’expérience spirituelle. Par exemple avec Sana’, une amie musulmane, lorsque je lui ai parlé de nos « khaloua » (ou « récollections ») elle m’a partagé son désir de prendre elle aussi des temps de retrait pour prier. En parlant avec une collègue de quelqu’un qui n’a peut-être pas suivi « le bon chemin », nous pouvons reconnaître ensemble que Dieu est miséricordieux, qu’il est plus grand que la faute de cette personne.  

 

Se mettre à la suite de Jésus et de Charles de Foucauld, le “frère universel ” 

Dans toutes ces rencontres et discussions, j’essaye de me mettre à la suite de Jésus et de Charles de Foucauld, « le frère universel ». Cela signifie vivre avec chacun en sœur. Étant tous enfants du même Père, nous faisons partie d’une humanité commune. Ici on parle de “ben Adam”, c’est-à-dire de fils d’Adam. Cela m’encourage à chercher à mieux connaître et aimer l’autre dans sa différence. L’encyclique Fratelli tutti du Pape François est pour moi une confirmation dans mon chemin et une invitation à aller plus loin ! De même, nous avons lu en communauté avec notre amie Sana le texte sur la fraternité humaine signé à Abu Dhabi par le Pape et le Sheikh Taïeb. C’était l’occasion de partager ensemble ce que cette déclaration nous évoquait, au regard de nos expériences personnelles et de nos religions respectives, mais aussi les désirs de fraternité qu’elle éveillait dans nos cœurs  

Quand j’ai reçu la nouvelle de la future canonisation de Charles de Foucauld, je me suis réjouie : il nous est donné pour être un grand frère sur la route de nos vies, pas seulement pour nous qui avons choisi de vivre de sa spiritualité, mais pour tout chrétien du monde. 

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