La première lecture de ce jour (2 Ch 36, 14-16 ; 19-23) retrace un événement historique au cœur duquel se déploie l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Il s’agit de la fin de l’exil des Hébreux à Babylone, sur cette terre d’Irak que le Saint Père a visitée récemment, terre que nos frères catholiques chaldéens ont massivement fuie pour échapper au massacre perpétré par les terroristes islamistes.
C’est sur cette terre que le Pape François a non seulement réconforté nos frères chrétiens, mais qu’il a aussi rencontré les responsables musulmans pour tracer dans ce pays un chemin de paix religieuse et nationale.
C’est de cette terre que le roi Cyrus a décidé de renvoyer les Hébreux chez eux et de soutenir la reconstruction du temple. Qu’avaient fait les Hébreux pour mériter cela ? Rien, rigoureusement rien, puisque leurs chefs eux-mêmes multipliaient les infidélités en rejetant les envoyés de Dieu. Pourtant c’est Dieu lui-même qui inspire au roi Cyrus sa décision car, nous dit-on, Dieu « avait pitié de son peuple et de sa demeure ». Plus tard l’apôtre Paul le réaffirmera : « C’est bien par sa grâce que vous êtes sauvés », c’est-à-dire en raison de l’amour gratuit que Dieu vous porte.
C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes dans la joie et dans l’action de grâce. Le temps du carême qui nous est offert, temps de conversion, de prière, d’ascèse et de fraternité renforcée, est aussi un temps de joie. Dire que Dieu nous fait grâce ne veut pas dire que nous pouvons nous vautrer dans le péché. Non, nous devons combattre car c’est notre tâche, notre part. Mais finalement, c’est Dieu qui nous sauve, par le Christ, dans le Christ, comme nous le rappelle Saint-Paul dans la lettre aux Ephésiens. Posons-nous cette question : de quel exil avons-nous besoin d’étre libérés ?
Et voilà que le pharisien Nicodème s’approche de Jésus (Jn 3, 14-21). On a dit beaucoup de mal des pharisiens, et sans doute le méritaient-ils. Il n’en demeure pas moins vrai que beaucoup parmi eux étaient animés d’une foi sincère. Tel était Nicodème. C’est pendant la nuit qu’il s’approcha de Jésus, sans doute par peur, mais aussi parce que la nuit c’est le royaume de celui qui cherche Dieu à tâtons et ne l’a pas encore trouvé.
Nicodème c’est chacun d’entre nous au début de notre chemin de conversion
Nous avons le désir de trouver Dieu, mais nous nous heurtons à tous les obstacles car nous sommes dans la nuit. Nicodème a compris que Dieu marche avec Jésus et il a reconnu en lui un maître. Pourtant il n’a pas encore compris l’essentiel : ce Jésus, c’est Dieu venu habiter parmi son peuple non pas pour le juger mais pour le sauver. Là où les pharisiens pensaient qu’il fallait multiplier les rites et les pratiques, Dieu apporte la grâce du don. Nicodème en fait est hésitant, car il est fasciné par ce rabbi différent des autres, mais il n’a pas le courage de se soustraire aux conditionnements du milieu hostile à Jésus ; il restera hésitant sur le seuil de la foi. Aidons nos frères à franchir ce pas décisif de la foi, fruit de la rencontre avec Jésus, foi qui est à l’origine d’une nouvelle façon de penser et d’agir, d’une existence marquée par l’amour.