27 Nov 2022

La sagesse dans l'attente du Fils de l'homme

 

Méditation missionnaire

 

Au début du temps de l’Avent et en même temps au début d’une nouvelle année liturgique, nous rappelons une fois de plus le caractère missionnaire de chaque messe, pour ensuite réfléchir sur les deux aspects les plus importants que l’Évangile de ce premier dimanche de l’Avent veut nous suggérer pour notre attente de la venue du Seigneur.

 

Le caractère missionnaire et de l’ « Avent » de chaque messe

Il conviendra de reprendre ce que nous avions déjà souligné l’année dernière, dès le début de notre aventure avec la Parole de Dieu :

Chaque messe a en soi un caractère missionnaire, car elle est le témoignage communautaire actif de la foi chrétienne des participants. Le lien entre la messe célébrée et la mission de l’Église apparaît clairement avec la salutation finale qui résonne dans le latin original « Ite missa est » (d’où le terme de messe pour la célébration eucharistique). Comme nous l’enseigne le Pape Benoît XVI, « [Dans le salut « Ite, missa est »,] il nous est donné de comprendre le rapport entre la Messe célébrée et la mission chrétienne dans le monde. Dans l’Antiquité, « missa » signifiait tout simplement « envoi » (dismissio). Dans l’usage chrétien, ce mot a trouvé une signification bien plus profonde.

En réalité, l’expression « envoi » se transforme en « mission ». Ce salut exprime de manière synthétique la nature missionnaire de l’Église. Par conséquent, il est bon d’aider le peuple de Dieu à approfondir cette dimension constitutive de la vie ecclésiale, en s’inspirant de la liturgie » (Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, 22 février 2007, n. 51).

Le caractère missionnaire de la messe ressort encore davantage et atteint son apogée avec l’acclamation de l’assemblée après la consécration du corps et du sang du Christ. A la proclamation du prêtre Mysterium fidei « Mystère de la foi », le peuple acclame : Mortem tuam annuntiamus, Domine, et tuam resurrectionem confitemur, donec venias « Nous proclamons ta mort, Seigneur, / nous célébrons ta résurrection, / nous attendons ta venue dans la gloire».

Cette action liturgique met en lumière la vocation de chaque chrétien dans le monde d’aujourd’hui à être un héraut/témoin des mystères pascals de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ, jusqu’à sa seconde venue.

En effet, devant le Jésus eucharistique, chaque participant est appelé à confirmer solennellement la mission que Lui-même a confiée à l’Église, la communauté des fidèles : « Allez et annoncez », « allez et prêchez l’Évangile », « vous serez mes témoins ». Cette mission doit être menée à bien jusqu’au retour du Christ, comme le rappelle le Concile Vatican II : « Aussi le temps de l’activité missionnaire se situe-t-il entre le premier avènement du Seigneur et le second, lors duquel, des quatre vents, telle une moisson, l’Église sera rassemblée dans le Royaume de Dieu. Car avant la venue du Seigneur, il faut que l’Évangile soit proclamé parmi toutes les nations » (AG 9). En d’autres termes, l’ensemble de notre temps présent est toujours celui de la mission, donec venias « jusqu’à ce que [Tu] viennes ».

Ce contexte liturgique-missionnaire général doit être vécu en particulier dans la célébration eucharistique des jours et des dimanches de l’Avent, lorsque, à travers les prières et les lectures prévues pour chaque messe, l’aspect de l’attente de la venue du Seigneur est souligné.

 

Un appel à la sagesse dans l’attente du Fils de l’homme

L’enseignement évangélique d’aujourd’hui est tiré de l’Évangile de Matthieu et se trouve dans le discours de Jésus sur les derniers temps (Mt 24-25). La première partie se concentre sur la venue du Fils de l’homme, tandis que la seconde fournit la recommandation de rester éveillé.

Jésus compare sa venue avec les “jours de Noé”. La comparaison est très appropriée pour souligner les deux caractéristiques du temps de la « venue » : « déluge universel » et « salut des individus ». Rappelons que la référence à Noé se retrouve dans 1Pi 3,20-21; 2Pi 2,5 ; Héb 11.7 (à lire pour la méditation), toujours dans cette perspective déluge-salut. Cela fait allusion à la popularité de la pensée originale de Jésus parmi les premiers chrétiens.

De plus, comme un maître-rabbin dans la tradition juive, Jésus explicite la comparaison de manière « haggadique », c’est-à-dire en illustrant la question à travers des histoires. Dans son explication, il mentionne deux paires d’actions humaines typiques (chaque paire représente la figure stylistique du « mérisme », c’est-à-dire l’indication de deux aspects complémentaires pour décrire la totalité). Le premier couple est « manger-boire » pour exprimer toutes les activités de l’homme dans le moment présent, tandis que le « prendre une femme-un mari » (ou plutôt « épouser-marier ») laisse entrevoir en quelque sorte une inquiétude pour l’avenir.

De plus, cette série de verbes fait probablement aussi allusion à une vie de plaisirs et de célébrations, sans prêter attention aux autres choses plus importantes qui se passent autour. En effet, saint Paul a également dénoncé ce genre de vie dans Rom 13 :13 : « Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie » (seconde lecture). Sans surprise, en fait, vivre de cette façon « les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis» (lett. ἔγνωσαν « ils savaient/essayaient de comprendre » comme au v.43 !)

Apparemment, nous avons là la phrase clé de l’enseignement de Jésus : l’ignorance ne sauve pas de la mort, en effet face à cela il n’y a pas de soi-disant « ignorance innocente » ou « bonne foi ». C’est une attitude qui s’apparente au « lâcher-prise » et à une certaine résignation. Ici l’ignorance est folie, car l’homme « ignore », c’est-à-dire rejette, les signes des temps, et se replie sur ses pensées et pratiques « normales » habituelles, dans sa propre « superficialité spirituelle », comme l’a bien commenté un exégète : « La génération du déluge n’est pas condamné pour son immoralité, mais pour sa superficialité spirituelle» (R. Fabris, Matteo, Borla, Rome 1996). Chez les auteurs bibliques, en effet, voici la phrase typique sur les lèvres de « cette génération »: « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! » (Is 22,13; cf. 1Cor 15,31). Un message implicite d’une forte approche sapientielle émerge de l’observation critique de Jésus : « Ô homme, ouvre les yeux ! Réveillez-vous! Pour ta vie! Parce qu’il y a une fin, voire la fin de tout, parce qu’il y a Dieu. Le sot, par contre, continue à penser : il n’y a pas de Dieu (cf. Ps 14 ; Ps 53), et il se sent en sécurité dans son ‘ignorance’» (cf. Pr 14,16 ; 15,14).

Ainsi, à la fin de cette première partie de l’enseignement de Jésus, la situation finale au jour de la venue est accentuée, toujours avec l’utilisation de paires d’images complémentaires (« mérisme ») pour exprimer, d’une part, la totalité , l’universalité du jugement (« homme-femme », « dans le champ-chez soi [à la meule] »), et d’autre part, la possibilité réelle d’être sauvé ou perdu (emporté – laissé pour compte). Tout est possible; rien n’est acquis ou certain, si ce n’est qu’il y aura la « parousie », c’est-à-dire la venue du Seigneur.

 

«Veillez donc, car vous ne savez…»

C’est la recommandation centrale que Jésus laisse à ses disciples non seulement pour aujourd’hui ou pour ce temps de l’Avent, mais aussi pour toute leur vie. La phrase est répétée en Mt 25,13, ​​à la fin de la parabole des dix vierges ! Cela nous donne un aperçu de l’importance de cet enseignement, qui est également noté ici, dans l’Évangile d’aujourd’hui, car Jésus renforce et développe sa propre recommandation avec une série d’exhortations dans la même perspective.

La première exhortation d’approfondissement est une invitation à la sagesse de l’esprit pour vivre et survivre : « Comprenez-le bien… » (litt. “[re]connaître/savoir” – verbe comme au v.38). La mention de l’heure d’arrivée du voleur est intéressante. C’est l’image presque proverbiale, reprise dans le NT mais pas très belle, car fortement négative (cf. 1Th 5,2 ; 2Pi 3,10 ; Ap 3,3 ; 16,15). Cependant, il ne s’agit pas du parallèle entre les gens (Jésus et le voleur), mais entre l’imprévisibilité des deux moments. Nous devons donc apprendre à nous préparer à défendre la demeure de l’âme contre toute imprévisibilité ; vous devez apprendre à prévoir l’inattendu! La seule certitude dans la vie : le Fils de l’homme viendra (vv.37.39.44).

Et voici le dernier conseil de Jésus : « Tenez-vous donc prêts » ou, littéralement, « être/devenir prêt/préparer » (v.44). L’invitation sapientielle antérieure (« Comprenez-le bien… ») devient une sorte de recommandation existentielle sincère ! La préparation recommandée est clairement liée au sérieux de la vie: non pas en passant du temps de fête en fête, entre manger et boire, mais en constante préparation spirituelle avec sagesse et peur, comme un athlète s’entraînant pour affronter une compétition importante, selon le divin conseil en Prov 23,17-21 et Rom 13,11-14 (à lire pour la méditation). Tout cela est parce que « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas [litt. « penser/présumer »], que le Fils de l’homme viendra ». L’insistance à ouvrir à nouveau l’esprit et la pensée : ce ne sera pas comme vous le souhaitez ! Par conséquent, regardez! Soyez éveillés! Faites toujours attention (à la venue du Fils de l’homme, à ses paroles et à ses actes) ! Devenez sages ! Si bien que dans la tradition orientale, avant de proclamer l’Évangile, le diacre « crie » : sophia « sagesse » pour attirer l’attention.

Nous avons commencé une nouvelle année liturgique, un nouveau temps de l’Avent. Qu’elle soit aussi le début d’une nouvelle étape de vie sage et vigilante dans l’attente de la venue du Seigneur. Puissions-nous accorder plus d’attention aux réalités certaines de la fin, aux choses spirituelles et surnaturelles de la vie, et surtout à la voix du Seigneur qui appelle et accompagne chacun de nous à chaque instant et situation quotidienne, en particulier, pendant chaque célébration eucharistique. En effet, nous nous entraînons encore plus à écouter le Seigneur par la lecture assidue de sa Parole dans les Saintes Écritures, à être en communion avec lui dans la prière constante, dans la veille fréquente, pour garder toujours plus en nous son Esprit Saint, la Sagesse qui vient d’en haut, au milieu du chaos, de la confusion et de la confusion du monde. Ces actions, je voudrais les souligner à nouveau maintenant, nous aideront à être vigilants, voire ardents dans l’attente, à raffermir nos cœurs ; elles nous rappelleront notre devoir de marcher dans la sainteté vers « ce jour » du salut final avec le Seigneur ; et elles allumeront l’enthousiasme pour témoigner à tous du Christ mort et ressuscité, donec veniat « jusqu’à ce qu’il vienne ». Amen. Maranatha !

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