12 Nov 2022

Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture

À l’approche de la fin de l’année liturgique, la Parole de Dieu dans les lectures de ce dimanche nous invite une fois de plus à tourner notre regard vers les « dernières choses » de l’histoire. Dans un tel contexte, trois phrases clés émergent de l’Évangile et sur lesquelles nous devons nous arrêter pour recevoir en profondeur le message du Christ à tous ses disciples missionnaires dans le monde, hier comme aujourd’hui.

1. « Des jours viendront » – La certitude de la fin

Ce que Jésus a dit du temple de Jérusalem, « des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient », ressemblait à une prophétie et à un avertissement en même temps: « des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». C’est, en fait, la prédiction de la destruction totale du temple, qui s’est produite plus tard en 70 après J.C. à cause des soldats romains. Cependant, plus qu’une simple prophétie, les paroles de Jésus ont en réalité servi de sonnette d’alarme pour réfléchir sur les jours de la fin qui surviendraient dans l’histoire, comme s’il voulait appeler tout le monde, en particulier ses disciples à réfléchir : « Attention ! Il y a une fin à tout dans le monde, en effet, il y a la fin de tout dans le monde ». Tout passe, ou comme dit saint Paul : « Car il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1Cor 7,31). Toute apparence, quelle que soit sa splendeur ou même apparemment durable, passera à la fin des temps.

De plus, avec l’expression « des jours viendront », le ton de Jésus, comme dans l’enseignement suivant, est précisément celui des prophètes de l’Ancien Testament au jour du jugement final du Seigneur, comme nous l’avons entendu dans le livre du prophète Malachie : « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise ». La fin tragique du temple de Jérusalem devient l’image emblématique du dernier temps de l’histoire de l’humanité. Cependant, il convient de souligner que la phrase de Jésus à cet égard n’est pas une prophétie isolée, mais la suite de diverses déclarations sur le sort de Jérusalem. En particulier, presque immédiatement avant cet épisode, Jésus avait pleuré à la vue de cette cité de Dieu, prononçant les paroles significatives suivantes : « Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux. Oui, viendront pour toi des jours où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi, t’encercleront et te presseront de tous côtés ; ils t’anéantiront, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait » (Lc 19,42-44). Derrière la destruction se cache le refus de « ce qui donne la paix » et l’incapacité de reconnaître et donc d’accueillir « le temps » de la visite du Seigneur. De ce point de vue, la vérité sur Jérusalem sera aussi un avertissement que la Parole de Dieu laisse à tout croyant pour une sagesse de discernement, pour accueillir Dieu au moment opportun, surtout quand la fin approche.

 

2. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer » – L’importance du discernement en temps de guerres et de conflits

A la curiosité de beaucoup de savoir « quand » la destruction de Jérusalem aura lieu et « quel signe » l’anticipera, le Maître de Nazareth n’entre pas dans les détails concrets, mais ne propose que des

indications générales invitant à un discernement particulièrement attentif : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer ». Dans la description des phénomènes et des catastrophes avant la fin du temple et symboliquement du monde, le langage et les images reprennent ceux des prophètes de l’Ancien Testament. Néanmoins, nous semblons écouter les chroniques de nos jours avec les nouvelles « de guerres et de désordres », « nation contre nation, royaume contre royaume », « grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies »! Nous sommes donc toujours au temps de la fin et à la fin des temps. Par conséquent, les conseils concrets de Jésus à ses disciples pour un bon discernement et une bonne action restent toujours valables : « Ne marchez pas derrière eux ! », les faux messies-sauveurs autoproclamés et « ne soyez pas terrifiés ». Ici, l’exhortation émouvante du Christ lui-même aux disciples du Cénacle avant son départ est reprise : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14,1). La force et la sagesse calme des disciples en temps de guerres et de conflits seront toujours solides grâce à la foi, comprise aussi comme confiance, en Dieu et dans le Christ. En effet, comme le souligne Jésus à la fin du discours : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » ». C’est la persévérance dans la foi qui sauve.

 

3. « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse » – Le courage du témoignage pour et avec le Christ Seigneur

Enfin, parlant dans un langage prophétique des situations turbulentes, Jésus souligne la réalité de la persécution de ses disciples par les puissants du monde et rappelle à nouveau leur vocation/mission de témoigner en toute circonstance.

Le contexte de l’enseignement indique ici que le témoignage des chrétiens signifie répondre aux « rois et gouverneurs » au tribunal, expliquant et défendant leur foi en Christ. Il s’agit précisément d’expliquer l’espérance que nous avons comme Jésus l’a demandé et cela trouve un écho dans l’exhortation de saint Pierre : « Mais s’il vous arrivait de souffrir pour la justice, heureux seriez-vous !

Comme dit l’Écriture : N’ayez aucune crainte de ces gens-là, ne vous laissez pas troubler. Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1Pi 3,14-15). Et saint Pierre continue avec une importante recommandation pratique pour tous les temps : « mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ » (1Pi 3,16).

Enfin, concernant ce témoignage des disciples à leur Maître et Seigneur, nous trouvons la recommandation « étrange » de « vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense » qui fait écho aux paroles précédentes de Jésus dans Luc, quand Lui-même, exhortant les siens à avoir le courage de le « reconnaître » devant les hommes, suggéra : « Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz » (Lc 12,11).

Il a également expliqué la raison de ces conseils : « Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire » (Lc 12,12). Cet enseignement se retrouve également dans l’Évangile de Matthieu, lorsque le Christ envoya ses disciples en mission pour annoncer le Royaume de Dieu. (cf. Mt 10,19-20).

La comparaison entre ces textes parallèles fait ressortir deux points importants. La première est que tous les chrétiens sont appelés à témoigner du Christ devant les hommes, surtout en période de turbulences et de persécutions. La vocation d’annoncer le Christ et son Évangile n’est pas un engagement pour quelques-uns, mais un privilège pour tous. Chaque chrétien, comme le pape François le souligne, est à la fois disciple et missionnaire.

Deuxièmement, en témoignant de Jésus, les disciples-missionnaires seront accompagnés par lui avec l’Esprit Saint, qui est « l’Esprit du Père » et aussi « l’Esprit de Jésus ». Par conséquent, d’une part, le soutien direct de Jésus aux disciples est souligné (« C’est moi [Jésus] qui vous donnerai un langage et une sagesse »), et d’autre part, l’action de l’Esprit en eux « à cette heure ». C’est pourquoi, pour témoigner du Christ, la préparation nécessaire exigée de tout disciple se situe avant tout au niveau « divin-spirituel »: c’est être toujours en communion constante avec Jésus et donc avec son Esprit.

C’est pourquoi Jésus lui-même insiste auprès des disciples qu’il envoie dans le monde, réitérant : « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. […]Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15,4.16).

Terminons alors par la Prière dite Simple, attribuée à saint François d’Assise parce qu’elle exprime son esprit de disciple-missionnaire en témoignant du Christ et de son Évangile d’amour et de paix en un temps de guerres, de divisions, de haine :

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,

Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant

À être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. Amen.

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