Pauline Jaricot – épisode 2 : sa vie
Sa piété, son souci de servir l’Église en particulier dans l’oeuvre des missions sont ses seules préoccupations. Son frère Philéas qui deviendra prêtre, lui demande d’aider financièrement l’oeuvre des missions. Cette demande va trouver une solution remarquable. Elle imagine grouper ses amies et connaissances pour recueillir les fonds nécessaires à l’oeuvre des Missions. Elle forme des groupes de dix personnes qui promettent de prier pour les Missions et donnent un sou par semaine. Chacune des dix à la charge de former d’autres dizaines… et le miracle s’accomplit : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Pauline va pouvoir envoyer l’argent aux Missions Etrangères de Paris. Le 1er don s’élève à 1439,25 fr ancs en 1819. Elle commence son oeuvre à Saint-Vallier auprès des ouvrières de l’usine de sa soeur Marie-Laurence Chartron. L’oeuvre croît rapidement.
Le 3 mai 1822 se tient à Lyon une réunion des messieurs de la congrégation. Ils cherchent à soutenir les Missions, suite à la visite d’un prêtre venant de la Nouvelle-Orléans demandant le soutien financier des missions de l’Amérique. M. Girodon évoque l’action de Mademoiselle Jaricot, son amie. Ces messieurs adoptent sa manière de collecter l’argent au bénéfice des missions : c’est la création de l’oeuvre de la Propagation de la Foi, toujours vivante.
La piété de Pauline se manifeste par une dévotion intense à la Sainte Eucharistie.
Elle écrit en 1822 un petit livre « l’Amour infini dans l’Eucharistie ».
À cette même époque, l’abbé Wurtz, vicaire à Saint-Nizier, paroisse des Jaricot, lui demande d’écrire « Histoire de ma vie » qui révèle toute la profondeur de sa spiritualité, ses aspirations, ses rêves. Ce récit nous apprend qu’à partir de 1817, veille des Rameaux, une voix intérieure l’invite à souffrir en victime… « Veux-tu souffrir et mourir pour moi ? Je m’offre alors en victime à la divine Majesté : – eh bien, prépare-toi donc à mourir. »
En 1818 commence son rayonnement ; elle groupe de jeunes ouvrières et domestiques sous l’appellation de Rédemptrices du Coeur de Jésus offensé et méconnu à Nazareth, nom donné à sa maison sise alors à la place de la basilique.
Dieu seul et sa plus grande gloire
30 décembre 1823. Philéas, son frère, est ordonné prêtre. Par respect du prêtre qu’il est devenu, le « vous » remplace le « tu » dans les relations orales ou écrites de Pauline. Elle lui écrit : « Dieu seul et sa plus grande gloire » sera notre devise. En 1826, sous l’influence des Jésuites, Pauline crée une bibliothèque de prêt : « l’oeuvre des bons livres », afin de lutter contre la littérature libertine et antireligieuse de cette époque. La même année, elle fonde le « Rosaire vivant ». Elle groupe 15 personnes qui promettent de dire une dizaine de chapelet chacune et chaque jour. À 15, elle réalise la récitation d’un rosaire. Pour rappeler cette initiative, vous pouvez voir 150 roses en laiton insérées dans le chemin du Rosaire.
Toute sa vie, elle rédigera des circulaires afin de soutenir cette dévotion. Sa dernière circulaire de 1861 se termine par ces mots « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres comme le Christ vous a aimés ».
11 octobre 1829, mort de Marie-Laurence, épouse Chartron, à Saint-Vallier.
Le 28 février 1830, Philéas, directeur spirituel de l’hôpital de la Charité, décède et confie à Pauline le soin de 15 soeurs novices : 9 deviendront religieuses, 6 formeront l’association des Filles de Marie de Nazareth avec l’adoration perpétuelle en la chapelle voisine de Notre-Dame de Fourvière, approuvée par Grégoire XVI en 1832.
Le 28 décembre 1830, mort d’Antoine, son père. Elle hérite en grande partie de ses biens.
Révolution de juillet 1830, chute du Roi Philippe. Pauline s’enferme pendant trois jours dans la chapelle de Fourvière et s’offre comme victime afin que cessent les combats. Sa santé se dégrade à tel point qu’il faut l’hospitaliser. L’abbé Bettemps, du Rosaire Vivant, lui demande de s’unir à une neuvaine de prière, suite à la fête de l’Assomption, pour obtenir sa guérison. Elle recouvre santé et vigueur, part à Lalouvesc remercier saint François-Régis. Voici sa prière : « Jésus-Christ, mon époux bien-aimé, je consens à voir se prolonger la vie que vous m’avez rendue ; retranchez de mon avenir les heures, minutes, que je ne devrai pas employer uniquement à votre gloire ». Elle se rend ensuite à Avignon pour une retraite.
2 février 1832 : approbation solennelle du Rosaire Vivant.
Guy Ledentu
Source : Eglise à Lyon, n°44, octobre 2021, p. 30