• Pouvez-vous nous parler de votre vocation de prêtre missionnaire?
Être prêtre missionnaire, c’est selon l’ancienne expression être prêtre ad gentes, ad extra, ad vitam.
Toutefois dans le monde déchristianisé que nous connaissons aujourd’hui et dans le monde hyper connecté où les déplacements se font faciles, tout prêtre est appelé à être envoyé à des populations païennes et beaucoup sont appelés à l’extérieur de leur diocèse.
Aussi, ma vocation missionnaire s’enracine dans celle des Missions Étrangères de Paris : aider les structures ecclésiales naissantes et encore fragiles à grandir, à se fortifier, et pour ce faire, appartenir à une société de prêtres diocésains, qui ont une fin commune : cette aide dans les territoires de mission.
• Que retenez-vous de votre formation au séminaire et de sa mise en œuvre dans l’évangélisation au quotidien?
Davantage que les grandes connaissances théoriques, indispensables certes, je retiens de mes années de séminaire l’idée qu’il faut former l’homme intérieur, qu’il faut, dans la fidélité, laisser grandir en soi Notre Seigneur, former en nous-mêmes les prêtres que nous sommes. Cela a un coût : c’est le coût de la liberté, c’est le coût de la fidélité, celui de la vérité, c’est le prix de l’amour de Dieu. De ma formation au séminaire, je retiens davantage les amitiés, des figures dont je veux garder non pas les petitesses mais leur aspect sacerdotal : le Christ donné et reçu.
• Qu’avez-vous découvert d’heureux et de peut-être plus douloureux dans la réalité de la mission?
Les grandes découvertes de l’apostolat missionnaire sont en réalité déjà connues: l’apprentissage d’une culture nouvelle, la perte des références connues et habituelles, l’apprentissage long et douloureux d’une langue étrangère… vivre ceci au quotidien est cependant une autre chose que de les connaître de l’extérieur. Mais, vivre les joies de la mission de l’intérieur est aussi plus grand que la connaissance théorique de celles-ci : le contact avec les malades visités, au prix d’ailleurs d’une régularité et d’une fidélité, le sourire des enfants…
Être séminariste, cela signifie commencer de faire grandir une âme sacerdotale
La grande découverte en Colombie, a été l’apostolat communautaire au sein de la fraternité Saint-Pierre : la communauté nous révèle nos petitesses et nos mesquineries, mais elle permet une continuité dans l’apostolat, un témoignage à nul autre pareil. Ainsi, l’apostolat dans un collège de 240 enfants tenus par la fraternité ne se-rait pas possible sans cette vie commune. Enfin la découverte qu’avec la Providence, l’on peut être surpris, mais jamais déçu. Je n’aurais jamais cru quelqu’un qui m’aurait dit que je me retrouverais dans les « Nouvelles Indes », ni en charge de la formation de futurs prêtres, ou collaborant à la fondation d’un internat féminin…
• Quels conseils donneriez-vous à un jeune séminariste?
L’on a trop souvent oublié que le travail propre du séminaire n’est pas tant de discerner une vocation que de former des prêtres. Être séminariste, cela signifie commencer de faire grandir une âme sacerdotale, de se former aux habitus de la vie de prière, mais aussi, et peut-être surtout, aux habitus d’une vie d’homme : à l’exercice de la liberté, vertus si nécessaire pour aimer et si oubliée de nos jours. Il ne s’agit pas tant d’être un clone, même si à l’origine d’une vocation l’on trouve presque toujours un mouvement d’imitation de tel ou tel prêtre, que d’être un homme libre, c’est-à-dire capable de porter Dieu au monde et le monde à Dieu. L’importance de l’éducation et de l’auto éducation—aux vertus humaines est ici capitale, sans bien sûr négliger les vertus théologales.
Abbé Antoine Marie Petit – Missionnaire en Colombie
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