Témoigner en partageant sa joie
Le 22 mai dernier nous avons célébré, avec le cardinal Tagle, la béatification de Pauline Jaricot à Lyon. Nous avons pu, comme le souligne le Saint-Père dans son message, “vivre le fait que l’Église est missionnaire par nature.” Comment ne pourrions-nous pas partager notre joie après avoir vécu un si grand moment de communion et de prière ? Comment pourrions-nous garder Jésus jalousement ? “Impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu” disions-nous l’année dernière. Mais pour que d’autres voient et entendent, il faut des témoins. Il faut que l’Église tout entière témoigne de Jésus parce que “l’Église, communauté des disciples du Christ, n’a pas d’autre mission que celle d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église est d’évangéliser.” C’est l’invitation faite cette année à l’occasion de la Semaine missionnaire mondiale : “Vous serez mes témoins.”
Témoigner à sa mesure
La béatification de Pauline Jaricot offre à tous un modèle pour devenir missionnaire facilement. En regardant les exemples de saint François Xavier, ou des grands missionnaires qui sont partis prêcher l’évangile sur tous les continents, on peut se sentir intimidé. On peut même se dire que la mission n’est pas faite pour nous. Mais Pauline Jaricot nous montre que les hommes ne sont pas appelés à déclencher des grands feux par eux-mêmes mais qu’ils sont appelés à réunir les petits charbons ardents qui ensemble deviendront brasier. Tout le monde peut y arriver, il suffit de faire notre part à notre place. Il suffit de réveiller l’esprit missionnaire autour de nous, de récolter le sou et de prier de toutes nos forces pour que le Seigneur fasse son œuvre avec nous. Le lieu, l’époque où les circonstances ne sont pas des barrières, Pauline connaissait une situation politique, sociale et religieuse aussi dramatiques que nous.
Témoigner en allant au-delà de ses limites
Le Saint-Père note également que nous pourrions traduire “vous serez mes témoins” par “vous serez mes martyrs” car le grec ne fait pas la différence et que le témoin du Christ est martyr par essence. Comme l’écrit saint Paul : “Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifesté dans notre corps.” Citation que le Saint Père commente ainsi : “Par conséquent, en dernière analyse, le véritable témoin c’est le “martyr”, celui qui donne sa vie pour le Christ en échange du don qu’il nous fait de lui-même.” Pauline Jaricot n’est pas morte “martyr” au sens où nous l’entendons généralement mais sa vie nous montre une autre manière de devenir martyr.
C’est le martyr du quotidien, renoncer jour après jour à tout ce qui fait barrage en nous à l’Amour que nous portons à Dieu et aux autres. Car le plus grand commandement du Seigneur se trouve ainsi résumé dans une réponse à un pharisien : “Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.” Ainsi Pauline Jaricot a vécu ce martyr du quotidien dans l’acceptation patiente de ses épreuves pour se laisser conformer de plus en plus à l’image du Christ. Sa vie est devenue martyr, donc témoignage, donc exemple pour ses contemporains. Le pape François commente dans son message que “l’exemple de la vie chrétienne et l’annonce du Christ vont ensemble dans l’évangélisation (…) car l’Église devra toujours aller au-delà, au-delà de ses propres limites, pour témoigner de l’amour du Christ à tous.”
A nous !
Nous pouvons avoir la tentation de croire que nous ne sommes pas suffisamment fort pour une telle vie, que ce n’est pas pour nous, que nous sommes plutôt appelés à des vies plus ordinaires. Encore une fois la vie de Pauline vient nous bousculer. La bienheureuse Pauline Jaricot était malade, très fragile, sans aucune habilité pour quoi que ce soit (elle le disait d’ailleurs elle-même) et pourtant c’est elle que le Seigneur a choisi pour fonder son œuvre missionnaire. Le Seigneur par l’Esprit Saint lui a donné toutes les forces et toutes les compétences nécessaires pour mener à bien ses inspirations. Comme l’écrit le pape François : “L’Esprit est donc le véritable protagoniste de la mission : c’est lui qui donne la parole juste, au bon moment et de juste manière.”
Après ces encouragements et ces exemples le Saint Père termine en nous adressant à tous une invitation : “Je forme le vœu que les Églises locales trouveront dans ces Œuvres un instrument solide pour nourrir l’esprit missionnaire dans le Peuple de Dieu (…) Chers frères et sœurs, je continue à rêver d’une Église entièrement missionnaire des communautés chrétiennes.”
A nous de transmettre ce brasier dont nous avons hérité gratuitement depuis la Pentecôte jusqu’à nos jours. A nous de prier le Seigneur pour qu’il renouvelle l’esprit missionnaire de la France et qu’il donne une grâce de conversion à notre pays. Profitons de la semaine missionnaire mondiale pour sensibiliser nos paroisses à la mission universelle de l’Église afin que tous ait le désir de participer financièrement et spirituellement à l’annonce du Saint Evangile de Jésus.