18 Mai 2022

Pauline Jaricot, active et contemplative

Chers amis,

L’église Saint-Nizier qui nous accueille porte les cicatrices de l’histoire. Ravagée par les Sarrazins et par les Huguenots, cathédrale du clergé assermenté (infidèle à Rome) pendant la Révolution, elle fut rendue au culte catholique par Bonaparte, 1er consul. L’histoire passe et les communautés chrétiennes en relèvent les défis. C’est aussi le lieu où fleurirent les sarments de la sainteté !

Citons par exemple sainte Claudine Thévenet, fondatrice de la Congrégation de Jésus et Marie, Frédéric Ozanam, fondateur de la Conférence Saint Vincent de Paul, le père Querbes, fondateur des Clercs de Saint Viateur, le père Coindre, fondateur des Frères du Sacré Cœur et la vénérable Pauline Jaricot, enterrée à côté de l’autel de Notre Dame de Grâce devant lequel elle s’est vouée à Dieu.

Dans quatre jours, Pauline sera comptée parmi les bienheureux et bienheureuses de l’Eglise. Nous mesurons combien le terreau humain était fertile, combien le terreau familial l’était également. En effet, la famille Jaricot est toujours restée fidèle à Rome et assistait en cachette aux messes célébrées par les prêtres réfractaires (fidèles à Rome).

Après avoir lu à peu près en entier le chapitre 14 de l’évangile selon saint Jean, nous commençons aujourd’hui le chapitre 15 et nous retrouvons le thème de la « demeure » évoqué si souvent dans le chapitre précédent.

Demeurez en moi, comme moi en vous… Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit.

C’est dans cette église que la vénérable Pauline Jaricot a appris à demeurer en Dieu, qu’elle a communié au corps du Christ, qu’elle a adoré le Seigneur. C’est ici aussi qu’après avoir écouté le sermon de l’abbé Würtz, elle a compris, qu’elle aussi devait porter du fruit et devenir disciple-missionnaire ! Cette expression souvent employée par le Saint-Père s’applique particulièrement à elle.

« La femme apôtre », comme l’appelait le pape Pie XI.

Même si le christianisme est une religion d’amour et de communion avec Jésus, Fils de Dieu, la tentation nous guette sans cesse d’en faire une religion de commandements, d’obligations et d’interdits. Cette tentation est aussi vieille que l’Église.

Paul, qui était non seulement Juif, mais aussi Pharisien, avait été envoyé par Jésus porter la Bonne Nouvelle aux Nations et elles avaient accueilli en grand nombre son message. Les chrétiens d’origine juive et particulièrement les Pharisiens souhaitaient que les convertis du paganisme adoptent les pratiques juives, en particulier la circoncision, lorsqu’ils devenaient chrétiens. Saint Paul s’y opposa de façon absolue et c’est pourquoi il suscita l’examen de cette question par les Apôtres en venant à Jérusalem.

Ce qui caractérise notre foi chrétienne, ce n’est pas telle ou telle pratique religieuse, c’est la foi au Christ – une relation personnelle à Jésus de Nazareth, Fils de Dieu. Cette foi doit s’exprimer à travers la vie, et comme elle est partagée avec beaucoup d’autres, elle s’exprime par des gestes religieux qui peuvent varier selon les cultures et les latitudes.

Il convient d’éviter le fondamentalisme qui consiste précisément à considérer comme essentiel ce qui n’est qu’une expression de la foi qui, elle, est importante. C’est contre ce fondamentalisme que s’est élevé Paul et il a consacré tous ses efforts durant la majeure partie de sa vie pour défendre la liberté des enfants de Dieu. Il convient aussi, évidemment, d’éviter le relativisme et la confusion.

La foi ne s’exprime pas seulement par des gestes religieux, mais par des actes, par notre capacité à contempler le mystère divin et à observer le monde qui nous entoure pour en relever les défis. C’est ce que fit Pauline après le sermon de l’abbé Würtz qui fut à l’origine de sa conversion radicale et qui se manifesta, non seulement dans sa tenue vestimentaire, mais aussi par sa découverte de la pauvreté dans cette ville de Lyon où elle s’aperçut que des femmes se prostituaient pour élever leurs enfants et que des ouvriers étaient sans emploi…

Elle ne se contenta pas de constats. Elle prit des initiatives qui la conduisirent à mourir ruinée. Dans le même temps, grâce à son frère Phileas, elle s’intéressa aux missions lointaines, à la Chine et ce fut le démarrage du sou pour les missions, la création de l’oeuvre que le père Charles Langlois (Mep) appela l’association de la Propagation de la Foi.

Consciente que l’Eglise est faite pour la mission, comme le rappellera le décret Ad Gentes 150 ans plus tard et que la mission ne va pas sans la contemplation, comme le rappellera saint Jean-Paul II dans Redemptoris Missio, elle fondera le Rosaire Vivant. Sa déclaration « Mon cloître, c’est le monde » résume bien la vocation missionnaire et contemplative de Pauline.

Pauline, contrairement à la petite Thérèse, n’a pas voulu parcourir le monde mais en bonne stratège de la mission, elle l’a fait parcourir par les missionnaires et cela continue. Pauline nous enrichit par la diversité de ses charismes, de ses talents. Elle inaugure le catholicisme social qui marquera le XIXe siècle (avec Ozanam, Lammenais, Lacordaire) ; elle construit des ponts sur tous les continents, elle fait de chaque cité un cloître où nous avons rendez-vous avec la prière.

L’important c’est que nous portions des fruits – fruits de vertu et de sainteté. Et, comme nous l’enseigne Jésus lui-même, nous ne porterons des fruits que si nous demeurons en Lui et si sa Parole demeure en nous. Nous sommes comme les sarments d’une vigne et la vigne c’est Lui ; de sorte que si nous portons des fruits, ce seront les siens avant d’être aussi les nôtres.

Durant cette Eucharistie rendons grâce au Seigneur pour ce privilège qui est le nôtre : devenir porteurs de fruits, porteurs d’espérance. Ecoutons Pauline qui nous interroge aujourd’hui, nous, missionnaires des OPM, écoutons sa question : « Comment va le monde ? Comment va mon cloître ? ». Notre réponse à cette question doit guider notre action, car à la suite de Pauline, notre vocation ne consiste pas à faire des constats, mais elle doit s’épanouir dans l’action !

Ça pourrait vous intéresser

Inscrivez-vous
à la newsletter

Tous les mois, le meilleur de la Mission dans votre boîte mail !

Pour être informé des actualités, laissez-nous votre adresse email via le formulaire ci-dessous.

Veuillez activer JavaScript dans votre navigateur pour remplir ce formulaire.

Suivez-nous
sur les réseaux sociaux