17 Fév 2024

Les épreuves du parcours missionnaire du Christ - dimanche 18 février

1er dimanche de Carême année B 18 février 2024

Chaque dimanche, le Père Anh Nhue Nguyen, secrétaire général à Rome de l’Union Pontificale Missionnaire, livre à notre réflexion son commentaire missionnaire biblique.

18 février 2024, 1er dimanche de Carême, année B
Gn 9,8-15; Sal 24; 1 Pt 3,18-22; Mc 1,12-15

Les épreuves du parcours missionnaire du Christ (et de ses disciples)

Avec le mercredi des Cendres, nous avons commencé le temps du Carême, au cours duquel nous nous sommes mis en marche avec toute l’Église vers la Pâques de la résurrection du Christ. Comme l’a souligné le pape François dans son message pour le Carême de cette année, « le Carême est le temps de la grâce durant lequel le désert redevient – comme l’annonce le prophète Osée – le lieu du premier amour (cf. Os 2, 16-17). Dieu éduque son peuple pour qu’il sorte de l’esclavage et expérimente le passage de la mort à la vie. Comme un époux, il nous ramène à lui et murmure à notre cœur des paroles d’amour ». Entraînons-nous donc à l’écoute de sa parole, surtout pendant ces semaines, afin de pouvoir « progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ». Et la Parole de Dieu de ce premier dimanche de Carême nous offre en effet quelques indications importantes pour mieux connaître le Christ et sa vraie mission, et par conséquent pour mieux vivre notre vocation de chrétiens, c’est-à-dire de « disciples du Christ », ses disciples-missionnaires aujourd’hui.

1. « Aussitôt l’Esprit le pousse au désert ». Les épreuves sur le chemin de Jésus après le baptême

Les mots “classiques” “en ce temps-là” que nous trouvons dans les différents lectionnaires impliquent ici un contexte temporel très important à noter et à garder à l’esprit: les tentations de Jésus dans le désert ont lieu immédiatement après son baptême dans le Jourdain. Comme le mentionne l’évangéliste saint Marc, le même Esprit de Dieu, qui était descendu sur Jésus auparavant, l’a maintenant «aussitôt» conduit, voire «le pousse» au désert pour qu’il y reste pendant quarante jours «tenté par Satan». Les épreuves-tentations que Jésus a affrontées dans sa vie après son baptême dans le Jourdain évoquent les quarante années que le Peuple de Dieu a passées dans le désert après avoir traversé la Mer Rouge. Dans cette période, Israël a dû faire face à diverses difficultés et à de nombreuses épreuves sur le chemin qui ont provoqué à plusieurs reprises des tentations contre sa foi/fidélité en Dieu qui sauve. L’histoire d’Israël devient aussi l’image du cheminement post-baptismal de chaque croyant et de sa foi qui est exposée à des épreuves continuelles tout au long de la vie.

De ce point de vue, les quarante jours du Carême que nous vivons seront encore une sorte de miniature de notre cheminement de vie de foi vers la victoire finale de la résurrection. Elles doivent donc être vécues dans cette perspective pascale, c’est-à-dire dans l’expérience de Pâques, et cela est vrai tant sur le plan liturgique qu’existentiel.

À propos des tentations de Jésus, même si les évangélistes Luc et Matthieu ne nous parlent que de trois tentations, qui n’arrivent ensuite qu’au bout des quarante jours, force est de constater que le nombre et le moment sont plutôt représentatifs. À tel point que l’Évangile de Marc insiste sur l’essentiel : « dans le désert, il [Jésus] resta quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1,13). Ainsi, suite à l’inauguration de ses activités publiques avec le baptême dans le Jourdain, Jésus devra affronter la réalité des épreuves-tentations tout au long du parcours de sa mission, dont l’image emblématique est cette période dans le désert. Il s’agit de l’expérience commune de ceux qui veulent servir Dieu, en accomplissant la mission divine, comme on le voit déjà chez Abraham, père de la foi, et aussi chez Adam le premier homme. Ce n’est donc pas un hasard si le sage Siracide enseigne (non sans l’inspiration de l’Esprit) : «Mon fils, si tu viens te mettre au service du Seigneur, / prépare-toi à subir l’épreuve ; / fais-toi un cœur droit, et tiens bon ; / ne t’agite pas à l’heure de l’adversité» (Sir 2,1-2). Volente o nolente, dans la vie et la mission de chaque disciple de Dieu, il y a des épreuves et des tentations qui viennent de la « chair » (la nature humaine transitoire), du « monde » (l’environnement opposé à Dieu) et du Malin (cf. 1Jn 2,16-17 ; 5,19). Tout cela pour détourner le chemin de l’homme de celui tracé par Dieu pour lui et, en définitive, pour séparer l’homme de son Dieu.

2. Le rôle fondamental de l’Esprit dans la vie – mission chrétienne

Cet accent mis sur l’accompagnement de l’Esprit Saint est également important pour le cheminement de tout chrétien, disciple du Christ, particulièrement en cette période de Carême. Que le Carême ne soit jamais seulement une période de pieuses pratiques de pénitence et de bonnes œuvres éthiques et/ou sociales, mais qu’il soit aussi et surtout un renouveau de vie dans l’Esprit. En d’autres termes, ne pensez pas tout de suite aux bonnes intentions (pour ensuite s’y perdre à la fin) comme but pour vivre fructueusement les quarante jours à venir, mais à votre relation personnelle avec l’Esprit de Dieu que chacun a reçu au moment du baptême, de la confirmation et, pour certains, au moment de l’ordination diaconale, sacerdotale, voire épiscopale. Il est temps de nous laisser « guider par l’Esprit », encore et encore plus intensément et plus intimement, à l’image du Christ dans sa vie et sa mission, notamment dans ses quarante jours au désert. Ce sera donc un moment joyeux avec le Christ dans l’Esprit, même si vous devrez affronter tout ce qui se passe en chemin, y compris la fatigue, la faim et la soif, et les tentations. Ce sera donc le temps de la grâce, de la purification, de la réorganisation de la vie et de la mission chrétiennes selon les préceptes et les inspirations de l’Esprit, à la suite des paroles et des actions exemplaires du Christ.

À cet égard, il convient de souligner le rappel important du pape François sur le rôle de l’Esprit dans la mission des disciples-missionnaires du Christ :

Tout disciple missionnaire du Christ est appelé à reconnaître l’importance fondamentale de l’action de l’Esprit, à vivre avec lui dans la vie quotidienne et recevoir sans cesse de sa part force et inspiration. Plus encore, au moment où nous nous sentons fatigués, démotivés, perdus, rappelons-nous de nous tourner vers l’Esprit Saint dans la prière, qui – je tiens à le souligner une fois de plus – a un rôle fondamental dans la vie missionnaire, pour nous laisser restaurer et fortifier par lui, source divine inépuisable des énergies nouvelles et de la joie de partager la vie du Christ avec les autres.

Message pour la Journée Mondiale des Missions 2022

Comme pour le Christ, l’Esprit sera aussi le guide et la force pour nous, ses disciples, sur le chemin de ces quarante jours, en particulier il nous aidera à comprendre et, par conséquent, à accomplir la véritable conversion chrétienne et missionnaire que Dieu veut pour chacun d’entre nous dans notre situation concrète de vie et de mission.

3. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Un appel, ancien mais toujours nouveau, de Jésus pour une véritable conversion évangélique

Nous avons médité il y a quelques semaines (3ème dimanche du temps ordinaire) sur cette première et donc fondamentale annonce et invitation de Jésus, au début de son activité publique. Par la grâce de Dieu, ces paroles résonnent encore aujourd’hui au début du Carême, devenant ainsi un appel programmatique pour tout notre cheminement quadragésimal et existentiel en général. Il s’agit donc d’un appel constant de Jésus à une véritable conversion évangélique. Un appel très ancien, mais toujours nouveau, toujours actuel. Rappelons donc les points essentiels de la réflexion faite sur ces paroles.

Tout d’abord, comme le montre la première annonce de Jésus, la conversion est intrinsèquement liée au croire en l’Évangile, c’est-à-dire à l’adhésion totale à la bonne nouvelle du salut offert par Dieu en Jésus. Il ne s’agit plus de l’effort humain habituel pour se détourner d’une vie moralement pécheresse, mais d’un courageux dépassement des schémas de pensée habituels pour accueillir la nouvelle vie de la grâce avec et en Jésus. C’est ce qu’indique précisément l’étymologie du mot grec pour conversion “meta-noia” : meta signifie après, au-delà (pour les Grecs anciens, la physique était la réflexion systématique sur la nature et la métaphysique la réflexion sur la réalité qui va au-delà de la nature), et metanoia signifie penser : metanoia signifie penser au-delà. C’est là la dimension décisive de la conversion demandée par Jésus.

Deuxièmement, l’invitation à croire à l’Évangile implique donc, d’une part, une adhésion aux messages de Dieu, annoncés et réalisés par Jésus, et d’autre part, elle signifie aussi et surtout croire en Jésus qui est le Christ, le Fils de Dieu. Même si cette clarification semble un peu trop difficile à suivre pour certains, elle est néanmoins nécessaire, car elle est fondamentale pour l’annonce missionnaire, même aujourd’hui. L’essence de la proclamation chrétienne reste l’invitation concise et pressante de Jésus à croire, c’est-à-dire à adhérer avec un cœur et un esprit renouvelés à l’Évangile, qui peut être identifié non pas tant à l’ensemble des principes divinement inspirés qu’à la personne même de Jésus, l’annonciateur, le prédicateur et le réalisateur de l’Évangile de Dieu.

Cette conversion liée à l’adhésion à l’Évangile de Jésus est désormais un retour, voire un dépassement des schémas de pensée habituels, un “dépassement” qui plaît à Dieu. Elle a été au centre de la mission de Jésus, puis de ses premiers disciples, et elle restera au centre de la mission de ses fidèles qui sont appelés à toujours travailler à la conversion de tous à Dieu, à commencer par eux-mêmes.

Ce n’est donc pas un hasard si saint Marc l’évangéliste a raconté la vocation des premiers apôtres, Pierre, André, Jacques et Jean, immédiatement après la prédication inaugurale de Jésus. Ce contexte suggère que nous voyons en ces quatre-là les premières réponses positives à l’invitation à se convertir à l’Évangile. Pour une telle conversion, ils ont dû eux aussi dépasser leurs propres schémas de pensée, car il est écrit qu’ils ont quitté tout et tous, y compris “le père”, pour suivre Jésus. Normalement, dans la tradition judaïque, il est recommandé aux enfants de prendre soin de leur père et de leur mère, en particulier dans leur vieillesse, conformément à l’esprit du commandement “honore ton père et ta mère”. Les premiers apôtres, cependant, ont quitté tout leur monde pour suivre Jésus dans sa mission. C’est cependant un chemin à parcourir pour arriver à la pleine conversion de la manière de penser et de voir, même pour ceux qui ont tant de foi dans le Christ, tant d’amour pour le Christ, comme Pierre. Ce dernier reçut donc, pendant qu’il suivait Jésus, un avertissement sévère du Seigneur qui l’appela à nouveau à la conversion, c’est-à-dire à changer [à nouveau] de mentalité : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mc 8,33). Cet avertissement me semble toujours valable pour nous tous, disciples du Christ, à l’heure actuelle. Attention : convertissez-vous et croyez à l’Évangile !

Prions donc au début du Carême pour notre propre conversion et celle de tous, selon l’appel pressant et sincère de Jésus.

Ô Seigneur, fais-nous sentir ton cœur tout épris du Royaume de Dieu ainsi que ton invitation cordiale à la conversion à ton Évangile de paix et d’amour. Aide-nous à vivre constamment cette conversion dans nos vies, afin que nous-mêmes, avec Toi et en Toi, devenions l’invitation vivante, en paroles et en actes, à la conversion au Royaume pour ceux qui ne Te connaissent pas. Et dans notre mission d’être des témoins de Toi et de Ton Royaume, aide tes disciples à être toujours plus unis dans Ton amour, en surmontant les divisions existantes dans nos églises et nos communautés. Laisse ton visage briller sur nous, et nous serons sauvés et resplendissants de ta Lumière pour le monde entier. Marie, mère du Christ et mère de ses disciples, priez pour nous ! Amen!

Télécharger l’homélie et les notes

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