30 Juil 2022

Le rapport aux biens matériels est une question lancinante pour l’homme [Homélie]

Les medias parlent beaucoup de matérialisme, de société de consommation, de capitalisme… Les lectures de ce jour, la parabole de l’évangile et le livre de Qohèleth viennent nous rappeler que depuis toujours, l’homme est confronté à la gestion du bon usage des biens temporels.

L’histoire nous apprend qu’il a essayé d’apporter des réponses pratiques à cette question importante qui revêt un aspect moral, social, économique. C’est une question qui concerne chacun à titre personnel et la société toute entière.

Sans remonter aux temps préhistoriques ou au Moyen-Age, la Renaissance a vu l’apparition des échanges économiques en Europe, les grandes découvertes ont entraîné le commerce des épices, le commerce triangulaire également. Le XIXe siècle est marqué par le développement industriel en Europe et va susciter des débats sur le partage et le bon usage des richesses. L’Église participe à cette réflexion et ce sera le catholicisme social, (de grands noms : Lacordaire « entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui libère », Frédéric Ozanam : « que la charité fasse ce que la justice ne peut pas faire »)…

Des réponses politiques seront apportées par le socialisme, la social démocratie, le libéralisme de Guizot. De nos jours, les régimes communistes ont presque tous disparus laissant le souvenir de régimes totalitaires avec des camps de la mort (le Goulag) ; le National socialisme a fort heureusement aussi été vaincu, le libéralisme économique doit relever le défi des questions sociales. L’homme contemporain s’aperçoit qu’il a tout essayé et qu’il n’a pas trouvé de réponse. Le système économique et politique idéal n’existe pas !

 

Réussir sa vie

La parole de Dieu nous donne une réponse claire : tout est vanité puisque l’homme est de passage sur cette terre et qu’il retournera à la poussière. La parabole de l’homme riche dont le domaine a bien rapporté est instructive : « Tu es fou, cette nuit même, on va te demander ta vie ».

Ainsi, chers frères et sœurs, la question de l’héritage, de la gestion de notre patrimoine, des biens matériels nous interroge tous. Nous voyons bien que la plupart des revendications sociales sont de type matérialiste. François de Closets a écrit un livre instructif à ce sujet : Toujours plus !

L’évangile nous interroge :

– qu’est – ce qui est important pour moi ?

– qu’est-ce qui est essentiel ?

– qu’est- ce que je laisserai au soir de ma vie ?

La société développe en l’homme une forme d’individualisme. Elle le considère comme un consommateur, un producteur, un contribuable. Ce que l’homme désire devient dans son esprit un droit lorsqu’il a perdu toute référence à l’autre, à Dieu. Il ne recherche pas le bien commun, mais la satisfaction de ses désirs.

La Parole de Dieu nous rappelle qu’il est plus important pour l’homme de réussir sa vie. C’est bien de réussir dans la vie, mais cela ne suffit pas ! Si nous sommes conscients de cela, nous ne nous disputerons pas pour des questions d’héritage, de propriété, d’argent…

 

Le vêtement blanc des baptisés montre la filiation divine et la fraternité humaine

Il nous appartient de conduire notre vie, de l’ordonner en fonction des projets qui prennent en compte Dieu notre père et nos frères et sœurs. C’est ainsi que nous donnerons à notre vie sa dimension d’éternité, c’est de cette façon que nous passerons à la postérité, mais ceci n’a pas une grande importance : ce qui compte nous est rappelé par saint Paul dans la lettre aux Colossiens « vous êtes revêtu de l’homme nouveau qui se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance ».

La vie chrétienne, par le baptême, change radicalement l’homme. Il ne correspond pas à l’identité que lui donnent la société civile, sa religion ou l’absence de religion, sa culture ou son manque de culture. Il est tout autre, il ne rente pas dans les catégories de la société civile, il gagne en liberté. Ni païen, ni juif ; ni barbare, ni primitif ; ni circoncis ou incirconcis. Il y a le Christ qui est tout et en tous.

Le chrétien transcende les identités civiles ; en revêtant le Christ, il porte l’habit de la fraternité avec ses frères les hommes, sans aucune distinction et celui de la filiation avec Dieu en Jésus-Christ. C’est le sens du vêtement blanc que portera Timéo qui sera baptisé après cette messe. La vie chrétienne ouvre un chemin, le Christ, qui est sans borne, qui ouvre un horizon d’éternité, c’est pourquoi le baptisé se renouvelle sans cesse afin de parvenir à la pleine connaissance. C’est cette dynamique de renouveau perpétuel, de pardon, de conversion qui conduit la vie du chrétien.

Saint Alphonse-Marie de Liguori que nous fêterons demain, 1er août, (XVIIIe siècle, siècle des Lumières, rationaliste..) renonce à 27 ans à une carrière brillante d’avocat. Il fonde la congrégation du Saint Rédempteur dont le charisme est d’imiter le Christ en annonçant l’évangile aux plus pauvres (mendiants des villes, paysans des campagnes).

Il trace pour nous un chemin de bonheur qui ne laisse personne sur le côté de la route. Les saints nous rappellent que le bonheur, lorsqu’il repose seulement sur la fortune, est une illusion ! A la suite de saint François d’Assise, nous sommes invités à un certain détachement par rapport aux biens matériels en suivant le Christ ! C’est la seule voie pour notre salut, pour notre bonheur.

 

Écouter l’homélie de Mgr Colomb :

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