Entre Pâques et Pentecôte voici l’Ascension. Le Seigneur ressuscité semble se retirer de la terre et de la vie des hommes pour rejoindre sa patrie dans la Trinité sainte – « il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs yeux » – et nous restons là, comme les disciples, à contempler le ciel et son mystère. Comme au matin de Pâques, ce sont des anges qui nous renvoient à la terre et à notre mission, car Jésus ne nous a pas abandonnés. Il fallait qu’il parte vers le Père pour que nous recevions l’Esprit Saint, pour que désormais l’humanité sauvée ait place dans la Trinité sainte et que la bonne nouvelle du salut soit annoncée à la création tout entière.
L’Ascension, une absence qui annonce une présence plus forte: le Seigneur travaille avec nous !
Il faut recevoir avec humilité et foi le récit de l’Ascension et bien comprendre qu’il nous concerne personnellement car, désormais, au cœur de la Trinité sainte, l’humanité est représentée, nous sommes représentés, fils d’Adam qui avons reçu la grâce du baptême et le don de l’Esprit. C’est bien dans son corps de chair, son corps d’homme ressuscité, que Jésus a rejoint le Père et l’Esprit, en nous devançant dans la joie éternelle. Ce récit nous concerne aussi parce qu’il signifie l’envoi de l’Église naissante vers ce qui sera désormais sa mission sur terre : l’annonce de la bonne nouvelle et la proclamation de l’Évangile.
Voir Jésus quitter la Terre et comprendre la Mission
L’Ascension marque sans doute la fin d’un rêve pour les disciples, celui de voir Jésus ressuscité affirmer sa royauté ici-bas. Il leur faut consentir à le voir quitter cette terre et comprendre que la mission est désormais entre leurs mains. A eux de parcourir les chemins du monde pour baptiser, guérir, consoler pardonner, au nom de la Trinité. A nous aujourd’hui de prendre les chemins de la mission. Peut-être sommes-nous effrayés par la tâche ? Alors regardons les disciples après l’Ascension. Ils se réunissent et prient dans la confiance. Ils trouvent dans la communauté les forces nouvelles dont ils ont besoin. Ils le savent, l’Esprit qui va venir sur eux leur expliquera toutes choses et leur donnera la force dont ils ont besoin. Dans ce temps qui est le nôtre, l’Église, Corps et sacrement du Christ, doit être, chaque jour, signe du salut parmi les nations.
« Proclamez l’Évangile à toute la création »
Joie pour toute la création ! Et ce n’est pas la seule humanité qui est concernée, appelée, sauvée. C’est bien la création tout entière. « Le destin de toute la création passe par le mystère du Christ… Une Personne de la Trinité s’est insérée dans le cosmos créé, en y liant son sort jusqu’à la croix » nous dit le pape François dans Laudato si (n°99). L’incarnation de Jésus, fils de Dieu, nous a fait entrer dans un nouveau regard sur la création, œuvre du Père confiée aux hommes. Entendons l’apôtre Paul nous exhorter à nous conduire de manière digne à notre vocation en respectant d’abord tous les hommes mais aussi cette magnifique création puisque nous sommes appelés à parvenir à l’état de l’homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude, lui qui remplit l’univers.
Porter la joie de croire
Travaillons à en restaurer la beauté pour léguer à nos enfants un monde habitable, un monde pacifié, un monde plus humain, plus fraternel. Alors ne perdons pas de temps à scruter les nuages mais laissons-nous plutôt interpeller par les « périphéries » chères au pape François, c’est-à-dire par tous ceux qui n’ont pas entendu parler du Christ. Portons-leur la joie de croire, la force des sacrements, et offrons-leur notre fraternité.
+ Mgr Georges Colomb
Directeur national des OPM
Actes 1, 1-11; Ps : 46, 2-3, 6-7, 8-9; 2e lect. : Ep 4, 1-13 (ou brève : 4, 1-7.11-13); Marc 16, 15-20
Homélie du jeudi 26 mai :
