18 Nov 2025

"L’Église qui est au Mali. Une situation sécuritaire fragile, un pèlerinage annulé."

Mgr Jonas Dembélé, Président de la Conférence épiscopale du Mali


Nous sommes heureux, Pierre Diarra et Mgr Jonas Dembélé, de partager quelques nouvelles concernant le Mali avec vous, lecteurs reliés de diverses manières aux Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) de France.

Nous voulons vous informer et vous inviter à prier pour les Maliennes et les Maliens, pour l’Église qui est au Mali.

Une situation sécuritaire difficile

Depuis plusieurs mois, le Mali vit une situation difficile. Nous pouvons même dire que cette situation perdure depuis plus d’une dizaine d’années, avec divers changements et problèmes selon les régions. La situation sécuritaire demeure fragile dans le pays et cela provoque des inquiétudes parmi les chrétiens et toute la population malienne. Ces dernières semaines, la crise du carburant a rendu les déplacements difficiles dans le pays. Certains terroristes imposent leurs règles dans les transports entre villes : les femmes doivent être voilées et, dans les véhicules, elles doivent être d’un côté et les hommes de l’autre. Les voyageurs sont donc confrontés à la peur, à l’angoisse. Dans certaines localités du pays, les terroristes ont obligé des communautés villageoises à fermer leurs écoles. Parfois, dans des localités où les terroristes menaçaient de détruire les écoles ou de s’attaquer aux enfants et aux populations, les pouvoirs locaux ont dû ordonner la fermeture de plusieurs établissements scolaires. Par ailleurs, cette crise signifiait aussi pour bon nombre de citadins : manque d’électricité, manque d’eau, impossibilité de transporter les enfants à l’école, augmentation des prix du carburant, etc.

L’annulation du pèlerinage de Kita

Face à cette situation sécuritaire fragile dans le pays, il était difficile d’organiser le pèlerinage national de Kita, dans le diocèse de Kayes. Certaines compagnies de transport, comme Diarra Transport, partenaires habituels du pèlerinage, ont manifesté leurs difficultés à transporter les pèlerins, à cause de l’indisponibilité du carburant. En raison de la situation sécuritaire, certaines personnes hésitaient à s’inscrire pour participer au pèlerinage. En fait, les pèlerins qui viennent à Kita proviennent de tous les diocèses du Mali. Ils doivent être acheminés, en majorité, jusqu’à Bamako, puis de Bamako à Kita. Après le pèlerinage, ils doivent retourner chez eux, dans les diocèses de Kayes, Bamako, Mopti, San, Ségou ou Sikasso.

Un pèlerinage vecteur d’unité

Compte tenu de cette situation difficile, les évêques du Mali, en toute prudence et responsabilité, viennent d’annuler le 54e pèlerinage national qui devait se tenir à Kita du 22 au 23 novembre. Et pourtant, il s’agit d’un événement spirituel important dans un pays où les pratiques religieuses sont importantes. Il s’agit pour les croyants, chrétiens et musulmans notamment, d’un moment privilégié de prières, de communion fraternelle, d’offrandes pour le pays et de pratiques spirituelles partagées. Les musulmans qui font le déplacement viennent, aux côtés de leurs frères et amis chrétiens, honorer Marie, d’où l’importance de ce pèlerinage dans la vie religieuse nationale. Les premiers missionnaires spiritains français sont arrivés à Kita en novembre1888, pour proposer la foi chrétienne aux populations. Si tous les pèlerins viennent honorer Marie, les chrétiens viennent aussi sur les traces des premiers missionnaires et prier le Dieu de Jésus-Christ, célébrer l’Eucharistie, rendre grâce. Tous les croyants viennent prier pour le Mali, afin que la paix et la cohésion sociale y règnent et que le pays devienne prospère.

Prier pour la paix

Dans leur message informant les communautés chrétiennes du Mali de l’annulation du pèlerinage de 2025, les évêques ne souhaitent pas interrompre l’élan spirituel qui anime ce grand rassemblement de prières pour le Mali. Ils invitent « chaque fidèle à vivre un temps de prière et de communion autour de la Vierge Marie, Notre-Dame du Mali, durant la période initialement prévue pour le pèlerinage. » Tous sont invités à prier « pour la paix, la cohésion et la prospérité de notre pays. La conférence épiscopale du Mali exprime sa profonde gratitude à l’archidiocèse de Bamako, diocèse organisateur de cette édition, pour le travail déjà accompli, et l’encourage à poursuivre la préparation du prochain pèlerinage dans le même esprit de foi et de dévouement. »

Chers lectrices et lecteurs, en priant pour le Mali, les Maliennes et les Maliens, afin que la paix revienne dans leur pays, priez aussi pour les croyants, chrétiens, musulmans, adeptes des religions des ancêtres et autres croyants qui vivent dans ce pays et, en particulier, pour celles et ceux qui projetaient d’aller à Kita pour ce pèlerinage de 2025. Prions pour tout ce qui se fait de beau au Mali, en particulier le dialogue entre chrétiens et musulmans. Nous pensons notamment à ce qui est réalisé par « Initiative Paix au sahel » et les laïcs du Mali, coordonné par Jean de Dieu Dembélé, Président du Conseil national du Laïcat catholique du Mali.

L’initiative Paix au Sahel

Nous sommes tous frères et sœurs

En réponse à la crise sécuritaire et humanitaire au Sahel, caractérisée depuis plus d’une décennie par la montée du terrorisme et des conflits violents, entraînant des pertes humaines considérables, la peur et le déplacement de millions de personnes, l’Église catholique a mis en place, en 2019, l’Initiative Paix au Sahel (Sahel Peace Initiative – SPI). Pilotée par les conférences épiscopales du Burkina-Niger, du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, cette initiative contribue à la consolidation de la paix. Elle renforce la cohésion sociale et améliore la résilience des communautés touchées par ces crises complexes. Guidé par l’encyclique Fratelli tutti du pape François, SPI-Mali a placé son intervention pour l’année 2024 sous le thème, en bambara, « An ƁƐƐ YE BALIMAW DE YE » (Nous sommes tous frères et soeurs).

Nous cheminons les uns par les autres

Dans la logique du thème de 2023, en bambara, « An Tala Ye Nyongon Ye » (Nous cheminons les uns par les autres), il s’agit de mener des activités dans les six diocèses du Mali (Kayes, Bamako, Ségou, Sikasso, San, Mopti) pour faciliter les rencontres, les discussions, la communion fraternelle et les actions communes réalisées par des croyants qui osent travailler ensemble. Il s’agit, dans la dynamique du dialogue interreligieux au Mali et à travers l’Initiative Paix au Sahel, de susciter l’espérance là où la peur et la méfiance tentent de s’imposer, compte tenu du contexte d’insécurité et de la circulation des groupes extrémistes dans une grande partie du pays. Les défis que les chrétiens vivant au Mali veulent relever s’articulent autour de l’image de l’Église qu’ils souhaitent construire : « Église Famille Communion fraternelle au Service de l’Évangile ».


Merci, chers lectrices et lecteurs, vous qui êtes liés de façons diverses aux OPM-France. Merci pour votre intérêt pour ce que vivent les Maliennes, les Maliens et l’Église qui est au Mali. Merci pour vos prières, votre attention et votre solidarité manifestées de différentes manières, en commençant par le désir de vous informer. Merci encore pour votre communion fraternelle et que le Seigneur nous garde dans sa paix.


M. Pierre Diarra
Consulteur du Dicastère pour le Dialogue interreligieux


Mgr Jonas Dembélé
Évêque de Kayes, Président de la Conférence épiscopale du Mali.

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