20 Fév 2022

Cet amour qui n'attend pas que l'autre soit aimable pour l'aimer

Chers frères et soeurs, 

Dans l’Ecriture sainte, Adam est le type d’homme qui ne répond pas à sa vocation. Le serpent lui a inspiré la méfiance vis-à-vis de Dieu que Paul, dans la lettre aux Corinthiens, appelle un comportement terrestre « Frères, l’Ecriture dit : le premier Adam était un être humain qui avait reçu la vie ; le dernier Adam, le Christ, est devenu l’être spirituel qui donne la vie. » Le message paulinien est clair : le comportement d’Adam mène à la mort, le comportement du Christ mène à la vie.

Dans l’évangile de ce jour, pour connaître cette vie, nous sommes invités à la miséricorde : Soyez miséricordieux, comme votre père céleste est miséricordieux. La Bible nous montre que l’homme apprend peu à peu à dominer sa violence. La première étape de ce progrès fut la loi du talion. Le discours de Jésus qui nous est rapporté dans l’évangile de Saint Luc est la dernière étape de cette éducation. Reprenant la comparaison de saint Paul entre celui qui est fait d’argile et celui qui vient du ciel, il faut que notre argile ait la couleur du ciel !  

Jésus dans son enseignement, après le message des béatitudes, nous dit comment s’applique très concrètement, dans notre vie, ce message. Il nous invite à l’imiter sur le chemin de l’amour véritable en aimant comme il nous a aimés (Jn 13,34). En ce 7ème Dimanche du temps ordinaire, la parole de Dieu nous rappelle trois vérités :

  1. L’amour, fruit du pardon, n’efface pas le passé, il ouvre à l’avenir
  2. L’amour n’a pas de limites 
  3. L’amour déploie sa puissance dans la faiblesse

 

1. L’amour, fruit du pardon, n’efface pas le passé, il ouvre à l’avenir !

Ainsi, Dieu nous aime malgré notre péché. Il nous pardonne, nous en faisons l’expérience : c’est l’agapè, l’amour gratuit, créateur, qui ne s’appuie pas sur une attente (Lc 6,34), qui nous renouvelle, qui donne la vie, c’est l’amour de David pour Saül, fait de respect pour l’oint de Dieu, c’est l’amour qui,  aux époux, permet la fidélité grâce au pardon.

C’est cet amour qui n’attend pas que l’autre soit aimable pour l’aimer : mais qui est premier, qui prend l’initiative en aimant celui qui n’est pas aimable afin qu’il puisse le devenir. Nous savons bien que pour pardonner, il faut soi-même avoir bénéficié du pardon. David pardonne à Saül qui veut sa mort parce qu’il a reçu l’onction de Dieu. Ne sommes-nous pas tous créés à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Pardonner, c’est respecter le choix de Dieu. Jésus nous invite à pardonner par amour : nous savons bien que sans l’amour de nos parents, nous ne saurions pas aimer ; nous savons bien que les lieux privilégiés de l’amour sont ceux qui permettent les relations gratuites parce que là où est la gratuité, là est la grâce de Dieu !

Les sciences sociales nous apprennent que la plupart des personnes retenues en détention ont manqué de cet amour gratuit qui est le privilège d’une famille unie…L’amour gratuit consiste à visiter des détenus à Saint-Martin de Ré ou ailleurs…

Aimer l’autre car il est aimable, cela est bien : mais les païens le font (Lc 6,32). La vocation chrétienne va plus loin sur le chemin de l’amour véritable. Jésus nous le dit: « Aimez vos ennemis» (Lc 6,27). Pour cela, il nous invitera à prier pour celui qui est réellement notre ennemi, ou le plus souvent que l’on considère comme tel (Mt 5,44), afin de changer son cœur et le nôtre, pour préparer la rencontre et la communion à retrouver : c’est-à-dire prendre comme médiateur Dieu, qui en son fils, nous fait frère de notre ennemi, sauvé comme nous, par lui.

Tu es aimé de Dieu gratuitement, aime comme lui, gratuitement (Mt 10,8). Aimer ainsi, comme Dieu le fait, dépasse nos propres forces: c’est une grâce à demander pour l’accueillir. Pierre en fera l’expérience (Jn 21,15-18). N’allons pas penser que nous n’avons pas d’ennemi ! L’ennemi, c’est celui qui nous contrarie pour de petites choses, ce n’est pas celui qu’on veut voir disparaître, c’est celui que nous calomnions, contre lequel on dit du mal ; nous faisons tellement de mal par la parole, les commérages, la jalousie… les regards, les silences complices par manque de courage…

 

2. L’amour n’a pas de limites

 Nous devons aimer comme Jésus aime les pécheurs et les appelle à la vie : Matthieu (Mt 9,9), Marie-Madeleine (Lc 7,48), Zachée (Lc 19,5), la femme adultère (Jn 8,11), le jeune homme riche (Mc 10,21), le Bon Larron (Lc 23,43). Au dernier soir, il lavera les pieds (Jn 13,1-17) de Pierre qui le reniera, de Judas qui le trahira.

Il aime chacun de nous : la brebis perdue (Lc 15,4-7). Il ne compte pas pour savoir s’il en manque une : il connaît et appelle chacune par son nom (Jn 10,3), il s’aperçoit de l’absence de celle qui manque… L’amour sans limite peut consister à parrainer un enfant avec l’association « Enfants du Vietnam, Enfants du Mékong ou d’autres.. »  Pour vérifier notre capacité d’aimer, interrogeons-nous : est-ce que notre communauté chrétienne est repliée sur elle-même ? Est-ce que nous nous contentons d’être bien entre nous, entre gens qui se ressemblent ou bien, est-ce que nous accueillons la diversité d’opinions politiques, de sensibilité ecclésiale, de générations, de milieux sociaux ?

 

3. L’amour déploie sa puissance dans la faiblesse (2 Co 12,9)

Jésus s’est montré vulnérable sur la croix parce qu’il est doux et humble de cœur, (Mt 11,29). Douceur et humilité sont deux béatitudes que nous avons à mettre en pratique. Le Seigneur ne fait jamais l’éloge de la vulnérabilité, de la faiblesse, de la fragilité pour elles-mêmes. Il nous invite à la charité qui se donne à des êtres fragiles, qui se déploie à travers nos faiblesses. L’amour est désarmant parce qu’il est désarmé : il a les traits de l’innocence d’un enfant sans défense qui conquiert son entourage par son sourire, il a les traits de la vérité devant des juges, devant Ponce Pilate.

L’amour est le visage visible du Dieu invisible (Col 1,15), il est le visage meurtri sur le linge de Véronique. L’amour nous pousse vers l’autre, pour se donner et pour recevoir, pour se laisser atteindre : amour de l’époux et de l’épouse. Il nous appelle à nous exposer à celui qui est la source de l’amour, comme le fruit qui doit, pour mûrir, être exposé aux rayons du soleil. La prière est le lieu privilégié de l’apprentissage de l’amour, du mûrissement de la grâce en nous, elle est silence et écoute. Aimer, c’est se donner soi-même à la suite de notre Seigneur, l’amour qui se déploie dans la faiblesse, c’est celui de saint Maximilien Kolbe qui donne sa vie pour sauver celle d’un père de famille à Auschwitz. Aimer, c’est être fidèle jusqu’au pied de la croix à la suite de Marie.

 

Frères et Soeurs, L’amour ne se paye pas de mots. Quand il se donne pleinement, à l’heure de sa passion, Jésus se tait : «il n’ouvrait pas la bouche» (Is 53,7), exposant son visage «qui n’avait plus figure humaine» (Is 52,14) aux outrages des pécheurs. Dans la société violente et souvent vulgaire dans laquelle nous vivons, soyons, chers amis chrétiens, des témoins de cet amour, car lui seul vaincra les maux de notre société. Ne soyons pas timorés, annonçons le de manière claire et forte : l’amour, c’est Dieu fait homme en Jésus qui a versé son sang pour nous dans le silence du don parfait, l’amour c’est personne d’autre que lui ! Nous pouvons rendre grâce à Dieu en reprenant la tonalité joyeuse du psaume 102 : bénis le Seigneur, ô mon âme…car il pardonne toutes tes offenses !

1 Samuel 26, 2.769.12813,22-23 / Psaume 102 /1 Corinthiens 15,45-49 /Luc, 6, 27-38

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