14 Oct 2025

« Dilexi te », première exhortation apostolique de Léon XIV. La prédilection du Christ pour les pauvres est éternelle

Dilexi Te - pape Léon - Jésus proche des pauvres.

Le fait que l’exercice de la charité soit méprisé ou ridiculisé, comme s’il s’agissait d’une obsession de quelques-uns et non du cœur brûlant de la mission ecclésiale me fait penser qu’il faut toujours relire l’Évangile pour ne pas risquer de le remplacer parla mentalité mondaine.

C’est ce qu’écrit le Pape Léon XIV dans l’exhortation apostolique Dilexi Te (« Je t’ai aimé »), la première qu’il a signée le 4 octobre, fête de saint François, et publiée le 9 octobre 2025.


« Il n’est pas possible d’oublier les pauvres », poursuit le pape Prevost, « si nous ne voulons pas sortir du courant vivant de l’Église qui jaillit de l’Évangile et féconde chaque moment de l’histoire » (§ 15).


La rédaction de l’Exhortation, un document de 121 paragraphes, avait déjà commencé au cours des derniers mois de la vie du pape François. Le Pape Léon a achevé l’œuvre, tout comme le pape Bergoglio l’avait fait avec l’Exhortation apostolique Lumen fidei, dont la rédaction avait été commencée par le pape Benoît XVI. Des signes discrets mais éloquents de la continuité qui traverse l’œuvre des Successeurs de Pierre. Tous, avec leurs limites humaines, sont appelés à confirmer leurs frères dans la même foi, la foi des Apôtres.


L’Exhortation rappelle que la prédilection pour les pauvres n’est pas une option facultative, mais le choix du Christ, qui guide l’Église vers cette même préférence tout au long de l’histoire.


« Pour nous, chrétiens », peut-on lire au paragraphe 110, « la question des pauvres nous ramène à l’essentiel de notre foi. L’option préférentielle pour les pauvres, c’est-à-dire l’amour de l’Église envers eux, comme l’enseignait saint Jean-Paul II, « est capitale et fait partie de sa tradition constante, la pousse à se tourner vers le monde dans lequel, malgré le progrès technique et économique, la pauvreté menace de prendre des proportions gigantesques ». La réalité est que, pour les chrétiens, les pauvres ne sont pas une catégorie sociologique, mais la chair même du Christ. En effet, il ne suffit pas d’énoncer de manière générale la doctrine de l’incarnation de Dieu ; pour entrer véritablement dans ce mystère, il faut préciser que le Seigneur s’incarne dans une chair qui a faim, qui a soif, qui est malade, emprisonnée ».
De plus, « tout renouveau ecclésial a toujours eu parmi ses priorités cette attention préférentielle envers les pauvres, une attention qui se distingue, aussi bien dans ses motivations que dans son style, de l’activité de n’importe quelle autre organisation humanitaire ».(§ 103).


Le texte signé par le Pape Léon est parsemé de citations des Pères de l’Église, confirmant que l’option préférentielle pour les pauvres n’est pas une formule abstraite récemment apparue dans les formulaires ecclésiastiques.


Et les pauvres ne sont pas seulement ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins matériels, mais aussi les personnes âgées, les malades, les migrants.
Cette exhortation fait écho aux paroles et aux formules utilisées par le pape François face à l’injustice structurelle imposée par la « dictature d’une économie qui tue ». À une époque et dans un monde où « les pauvres sont de plus en plus nombreux, nous assistons paradoxalement à la croissance de certaines élites riches qui vivent dans une bulle de conditions très confortables et luxueuses, presque dans un autre monde par rapport aux gens ordinaires » (§11). On se réfère aux théories qui considèrent comme des valeurs positives l’autonomie absolue à garantir aux « mains invisibles » des marchés et des centrales qui régissent les grandes spéculations financières.
Mais les derniers paragraphes de l’Exhortation ne s’attardent pas sur les grands scénarios, et sont consacrés à l’aumône, « un dernier mot sur l’aumône, qui n’a pas bonne réputation aujourd’hui, souvent même parmi les croyants. Non seulement elle est rarement pratiquée, mais elle est parfois même méprisée. » (§115).


L’aumône, souligne l’Exhortation du Pape Léon, ne dégage pas les autorités compétentes de leurs responsabilités, ni n’élimine l’engagement organisationnel des institutions, ni ne remplace la lutte légitime pour la justice. Mais elle invite au moins à s’arrêter et à regarder la personne pauvre en face, à la toucher et à partager avec elle quelque chose de soi-même » (§116). Au sujet de l’aumône et du mystère de la prédilection pour les pauvres accueillis les premiers dans le Royaume des Cieux, le Pape Léon reprend, au paragraphe 117, la fin d’une belle prière de saint Grégoire de Nazianze :


Si donc vous m’écoutez, serviteurs du Christ, frères et cohéritiers, pendant qu’il en est encore temps, visitons le Christ, soignons le Christ, nourrissons le Christ, habillons le Christ, accueillons le Christ, honorons le Christ, non seulement avec une table, comme certains, avec des onguents, comme Marie, avec un tombeau, comme Joseph d’Arimathie, par des rites funéraires, comme Nicodème, qui n’aimait le Christ qu’à moitié, par l’or, l’encens et la myrrhe, comme les mages, mais puisque le Maître de tout veut la miséricorde et non le sacrifice […], offrons-la-lui dans les pauvres, afin qu’à notre départ d’ici, ils nous accueillent dans les tentes éternelles.

Fides

Lire l’exhortation apostolique de Léon XIV “Dilexi Te”

Lire l’encyclique du pape François “Dilexit Nos”

Ça pourrait vous intéresser

Inscrivez-vous
à la newsletter

Tous les mois, le meilleur de la Mission dans votre boîte mail !

Pour être informé des actualités, laissez-nous votre adresse email via le formulaire ci-dessous.

Suivez-nous
sur les réseaux sociaux