7 Mai 2022

Le bon pasteur, agneau en mission

Le quatrième dimanche de Pâques est aussi appelé celui « du bon pasteur », et les lectures et les prières de la liturgie sont centrées précisément sur cette belle image de Jésus. C’est pourquoi, depuis 1964 par décision du pape saint Paul VI, ce dimanche est la Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, pour ceux qui ont reçu l’appel à suivre Jésus, Grand Prêtre et Bon Pasteur. Dans cette perspective, aujourd’hui, dans de nombreuses paroisses et diocèses à travers le monde, la quête est destinée pour le fonds de solidarité universelle de la Société Pontificale de Saint-Pierre Apôtre pour la formation des prêtres et des personnes consacrées, à travers le soutien des séminaires et noviciats dans les missions avec leurs candidats et formateurs. Ainsi, chaque fidèle participe activement, par la prière et la contribution concrète, à la mission d’évangélisation de l’Église dans le domaine spécifique de la prise en charge des vocations et des activités de formation des nouveaux bons prêtres-pasteurs « l’odeur de leurs brebis » (Pape François, Messa Chrismale, Homélie, Basilique Vaticane, Jeudi saint, 28 mars 2013) sur les traces du Christ Bon Pasteur. Dans ce contexte, les lectures de la Messe d’aujourd’hui nous aident à réaffirmer et à approfondir au moins trois aspects importants de la mission du Christ Pasteur, modèle et exemple de tous les pasteurs du peuple selon le désir de Dieu le Père.

 

  1. La relation particulière entre Jésus et ses brebis

 

Le passage de l’Evangile entendu aujourd’hui est très concis, mais plein de sens. Il représente une sorte de résumé du discours précédent de Jésus dans le quatrième évangile autour de son auto-déclaration « Moi, je suis le bon pasteur » (Jn 10,11.14). Répondant maintenant aux juifs qui demandent une manifestation définitive de l’identité messianique de Jésus, il réaffirme simplement une caractéristique fondamentale de la relation entre lui et ses brebis : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent » (Jn 10,27). Les mots ici font écho à ce que Jésus a dit plus tôt dans son auto-déclaration d’être un bon berger, comme nous l’avons chanté dans l’acclamation avant l’Évangile : « Moi, je suis le bon pasteur, [dit le Seigneur,] je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » (Jn 10,14).

Il convient de souligner immédiatement que le verbe connaître dans la langue biblico-juive désigne une connaissance qui n’est pas tant intellectuelle (d’un savoir) qu’existentielle, tout comme dans la relation entre mari et femme. Il s’agit d’une connaissance mutuelle intime et intégrale, un savoir qui implique de s’aimer et de s’appartenir. C’est précisément pour cette raison que, lorsque Jésus a déclaré qu’il était un bon berger, il a expliqué ci-dessous que  « le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11b.15b). Il le fait parce qu’il connaît ses brebis, c’est-à-dire qu’il les aime profondément, plus que sa propre vie.

De plus, la connaissance entre Jésus et ses brebis est parallèle à celle entre Jésus et Dieu le Père. En effet, il déclare « je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père » (Jn 10,14b-15). La relation entre Jésus Bon Pasteur et ses disciples est donc placée face à une réalité mystique de connaissance intime entre les Personnes divines. D’une part, on entrevoit ici la profondeur de la connaissance-amour que Jésus a pour ses brebis, comme celle que Jésus a pour le Père ! Il déclare en fait ailleurs : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Par contre, lorsque Jésus affirme que ses brebis le connaissent, on peut se demander si leur connaissance pour Jésus est réellement comparable à celle entre le Père et Jésus. On semble saisir une invitation implicite aux « brebis » de Jésus de se demander si et combien ils connaissent leur Berger et reconnaissent sa voix au milieu des rumeurs aux alentours. Puisqu’on ne manque jamais de toutes les richesses du mystère du Christ, l’engagement de grandir toujours plus dans la connaissance du Pasteur qui les connaît et les aime jusqu’à donner sa vie pour eux reste toujours d’actualité pour les brebis de tous les temps. (Significatif à cet égard est le reproche de Jésus à Philippe, l’un de ses disciples intimes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » (Jn 14,9). Ces paroles sont également valables pour chaque disciple qui le suit).

En ce qui concerne la relation entre Jésus et ses brebis, rappelons enfin la mystérieuse affirmation de Jésus lui-même qui nous laisse pourtant entrevoir sa mission universelle : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16). Ainsi, Jésus le bon berger dépasse toujours toute « clôture / enclos » habituelle pour rassembler et guider les autres brebis dispersées qui attendent sa voix. Il part toujours en mission, suivant le plan de Dieu révélé par le prophète Isaïe sur la vocation de Serviteur de Dieu : « je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6). Ce sont les paroles que les apôtres de Jésus comme Paul et Barnabas ont rappelées pour commencer à proclamer l’Evangile aux païens (cf. Ac 13,47), comme nous l’avons entendu dans la première lecture. C’étaient des missionnaires qui continuaient la mission de Jésus le bon berger !

  1. Je leur donne la vie éternelle

 

Réaffirmant la relation particulière avec ses brebis, Jésus affirme ci-dessous son soin particulier qui découle d’une telle connaissance et d’un tel amour : « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10,28). La vie éternelle évoquée ici ne désigne pas une réalité future seulement après la mort. Il indique la vie en communion avec Jésus et avec Dieu, qui commence déjà dans le présent et se poursuivra dans l’éternité. A tel point que Jésus souligne : « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit » (Jn 6,47). Au contraire, « Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie » (Jn 5,24). « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6,54).

De ces citations, surtout la dernière, ressort un autre aspect fondamental de la vie éternelle que Jésus donne à ses brebis. C’est sa propre vie qu’il offre pour la sienne, comme l’explicite la déclaration du bon berger mentionnée plus haut. Jésus est aussi devenu un agneau sacrificiel pour donner sa propre vie à ses brebis et les guider maintenant « aux sources des eaux de la vie » (Ap 7,17), comme nous le rappelle la deuxième lecture.

Il s’agit donc du berger qui non seulement connaît l’odeur des brebis, mais s’est aussi fait l’un d’eux, pour partager avec eux tout ce qui concerne la vie (y compris la mort !). Voici ce qui est dit pour la figure du Christ souverain prêtre : « nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché » (Heb 4,15).

Ce lien fort entre Jésus le bon berger et ses brebis sera la raison pour laquelle « personne ne les ravira » (Jn 10,28) de sa main et de la main du Père. Tout comme Saint Paul l’Apôtre exprime le même concept avec des mots inspirés et émouvants à partir d’une question rhétorique : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8,35.37-39).

 

  1. « Un » avec le Père

Après avoir rappelé les deux aspects fondamentaux du sentiment particulier entre Jésus le Pasteur et ses brebis, Jésus révèle enfin son union particulière avec Dieu le Père : « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10,30).

La déclaration citée semble pour beaucoup avoir peu de rapport avec le thème du bon berger discuté jusqu’ici. Cependant, cela s’avère en fait être le sommet de l’auto-révélation de Jésus concernant son identité en général, et sa « mission » de berger en particulier. Il est bon berger, comme Dieu est bon berger de son peuple (cf., par exemple, Ez 34 ; Ps 23). L’unité et la communion de l’opération, de l’intention, de l’amour sont soulignées. Et cette unité et cette communion que Jésus désire maintenant aussi pour tous ses disciples-brebis, en particulier pour ceux qui sont appelés, comme Pierre et d’autres, à la mission de paître ses brebis. En effet, il a imploré le Père, « pour qu’ils [ses disciples] soient un comme nous sommes UN » (Jn 17,22).

Écoutons donc encore, pour conclure, cette voix émouvante du Christ, qui prie le Père pour nous, ses brebis, de connaître de plus en plus son cœur de bon berger, tout zélé pour la mission du Père : « [Père!] Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,20-23).

 

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