🌏 Aventuriers missionnaires 👉 jour 7 : Mgr de Marion-Brésillac et la lutte des castes - OPM
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18 octobre 2020

🌏 Aventuriers missionnaires 👉 jour 7 : Mgr de Marion-Brésillac et la lutte des castes

InfluencĂ©e par l’hindouisme, la sociĂ©tĂ© indienne a Ă©tĂ© organisĂ©e en castes. « Au plus haut, les Brahmanes ou prĂŞtres, au-dessous d’eux les Kshatriyas ou guerriers, puis les Vaishyas, […] enfin les Shudras, des serviteurs ou gens de peu. […] Il faudrait ajouter comme cinquième catĂ©gorie les Intouchables, qui sont laissĂ©s en dehors. »[1] 

Saviez-vous qu’au XIXe siècle, Melchior de Marion-BrĂ©sillac fut le hĂ©raut catholique de la lutte des castes ?

En arrivant Ă  PondichĂ©ry, il s’initie Ă  la culture indienne et apprend la langue tamoule pour connaĂ®tre ceux Ă  qui il doit annoncer le Christ. C’est lĂ  qu’il dĂ©couvre l’existence des castes indiennes et leur influence considĂ©rable sur les relations au sein du peuple. ProfondĂ©ment marquĂ© par ces scissions qui divisent mĂŞme les chrĂ©tiens, le jeune missionnaire est convaincu que l’Évangile pourra bouleverser cette rigiditĂ© culturelle et sociale.

Avant de partir, ce jeune prĂŞtre des MEP avait pris quatre engagements :

  • ĂŠtre un missionnaire avec tout son cĹ“ur
  • Ne nĂ©gliger aucun dĂ©tail de son service pour Dieu
  • Saisir toutes les opportunitĂ©s pour prĂŞcher la parole de Dieu
  • Encourager la formation d’un clergĂ© local

Sa conviction de la nĂ©cessitĂ© de former un clergĂ© local est renforcĂ©e par ses nombreuses visites dans les communautĂ©s chrĂ©tiennes. Il entre alors en lutte contre le système des castes et se fait dĂ©fenseur de l’unitĂ©. Don de Dieu qui fait du peuple chrĂ©tien une image de la communion trinitaire. L’Ă©vĂŞque lui confie alors la responsabilitĂ© d’un sĂ©minaire. Melchior de Marion-BrĂ©sillac souhaite que les Indiens des diffĂ©rentes castes soient traitĂ©s de manière Ă©gale, que tous reçoivent une formation identique en vue du sacerdoce.

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Melchior de Marion-Brésillac est ordonné évêque en octobre 1846, à 33 ans seulement. Sa devise devient Lumen rectis, « Lumière pour les cœurs droits » (Ps 112). Il poursuit son activité missionnaire dans la région de Coimbatour. Reconnu pour ses talents de prédicateur, il enseigne aux missionnaires envoyés en Inde :

Que cherchez-vous ? Des honneurs ? Ne venez pas ici ! Les joies du ministère ? Ne venez pas ici ! De l’amitiĂ©, de la reconnaissance, des consolations ? Ne venez pas ici ! Mais si vous cherchez JĂ©sus, JĂ©sus seul, JĂ©sus pauvre, JĂ©sus humble et humiliĂ©, JĂ©sus crucifiĂ©, ah ! Venez donc ! Empressez-vous de courir après Lui ! Venez !

 

Retraite missionnaire, Inde 1849

L’inculturation de l’Évangile dans la culture est lente et laborieuse. Une querelle autour des rites vient compliquer les relations de Monseigneur Marion-BrĂ©sillac avec ses responsables. Son ambition de constituer un clergĂ© local tĂ©moigne de son tempĂ©rament rĂ©formateur et prĂ©curseur. Cependant c’est un Ă©chec…Il rĂ©alise que ses frères missionnaires ne partagent pas son engouement pour la formation d’un clergĂ© autochtone. De plus, il prend conscience que le système des castes est très profondĂ©ment incrustĂ© dans le cĹ“ur des Indiens, mĂŞme chez les convertis. Seuls les prĂŞtres issus des hautes castes seront acceptĂ©s et Ă©coutĂ©s comme le sont les Brahmanes. Alors que des prĂŞtres tamouls seront toujours perçus comme des parias… Face Ă  tant d’adversitĂ©, Monseigneur Marion-BrĂ©sillac se sent incapable d’accomplir la mission qu’il a reçue. Il dĂ©missionne en 1853.

A travers ces maux et Ă©preuves, sa foi et son Ă©lan sont renforcĂ©s. De retour en Europe, Ă  Rome puis en France, il cherche une voie pour rĂ©pondre Ă  nouveau Ă  sa vocation missionnaire. Ă‚gĂ© de 41 ans, il est plein d’Ă©nergie et de zèle malgrĂ© les Ă©checs indiens. Il demande Ă  partir au Dahomey, l’actuel BĂ©nin, oĂą aucun missionnaire n’est Ă  l’Ĺ“uvre. Mais Rome lui intime de recruter des missionnaires pour l’accompagner au Sierra Leone. ObĂ©issant, Melchior de Marion-BrĂ©sillac reprend la route et parcourt la France pour trouver des candidats qui acceptent de se consacrer « aux peuples les plus abandonnĂ©s de l’Afrique ».

Le 8 dĂ©cembre 1856, ils sont sept Ă  s’engager Ă  Lyon, sous le patronage de Notre Dame de Fourvière. Ils fondent la SociĂ©tĂ© des Missions Africaines (SMA). Un an plus tard, ils quittent Lorient pour Freetown en Sierra Leone. HĂ©las, une Ă©pidĂ©mie de fièvre jaune accueille les missionnaires et emporte en deux mois Ă  peine, Mgr Melchior de Marion-BrĂ©sillac et cinq des ses compagnons…

L’aventure de ce fougueux missionnaire est marquĂ©e par les vexations, les Ă©checs et une mort prĂ©maturĂ©e. Cependant, les fruits de sa mission sont nombreux et nous inspirent pour aujourd’hui.

Confiance, d’un Ă©chec le Seigneur peut tirer un trĂ©sor ! La dĂ©mission d’un Ă©vĂŞque a permis la fondation d’une sociĂ©tĂ© missionnaire aujourd’hui prolifique.

La patience est vitale dans toute entreprise missionnaire. Le temps de Dieu n’est pas le nĂ´tre et l’Évangile peut mettre des annĂ©es ou des siècles pour pĂ©nĂ©trer et purifier en profondeur les cultures qu’il rencontre. Observons-nous : l’Esprit Saint ne met-il pas une vie entière pour changer nos cĹ“urs ? 


[1] Louis Dumont, Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Paris, Gallimard, 1966
 

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